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lundi 8 décembre 2008

Revue de presse du Pacifique

Pour ceux qui savent lire l'anglais, voilà la revue de presse du jour côté pacifique :

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samedi 6 décembre 2008

Laurent Vili deux fois acquitté titre les Nouvelles Calédoniennes

édition du 6 décembre 2008

acquitté

Lors du premier procès, les jurés avaient délibéré pendant deux heures. Cette fois, ils ont mis deux fois moins de temps pour parvenir à la même décision. Laurent Vili est un homme doublement acquitté.

Hier matin, deux secondes après les réquisitions de l’avocat général, une chape de plomb s’était abattue du côté droit de la salle, là où était rassemblé le camp Vili. « Six à huit ans de prison, ferme, avec mandat de dépôt. » En début de soirée, le même silence, presque irréel, s’est abattu après la réponse à la première question posée par la cour. Non, Laurent Vili n’est pas l’auteur du coup de feu qui a entraîné la mort de Jean-Marie Goyetta.
Un dossier mal engagé (pas de constatations immédiates, ni d’autopsie) et une enquête qui s’est raccrochée aux seuls aveux du suspect numéro un, « démoli et torturé » par son geste et qui, en admettant avoir tiré, « a voulu participer à la justice ». C’est l’image qu’on gardera de « l’affaire Vili ». Les jurés n’ont pas transigé. Le doute était suffisamment présent pour acquitter le rugbyman une deuxième fois.
Vendredi après-midi, tout comme ils l’avaient fait la veille, ses deux défenseurs ont continué à le distiller, ce fameux doute, « qui doit profiter à l’accusé », selon la formule consacrée. Deux éléments ont probablement fait pencher la balance : la thèse d’un deuxième tireur ayant atteint un second blessé. En l’occurrence Yann Palau, quelques minutes avant que Jean-Marie Goyetta ne soit touché. Dans la chronologie des faits telle que l’a relatée Me Frédéric de Greslan, c’est ce second blessé que Laurent vili aurait atteint. La défense a avancé un autre argument de poids : des cris et des pleurs venus de la rive kanak, entendus par Laurent Vili après son tir. Or jamais personne, côté victime, n’a fait état de ce fait après que Jean-Marie Goyetta s’est effondré. « On n’a aucune raison de mentir quand on s’accuse de la mort d’un homme », a résumé l’avocat. Laurent Vili, rongé par les remords, a donc avoué pour savoir. Me Gilles Gauer a enfoncé le clou. « Le seul tort de Laurent Vili, finalement, c’est d’avoir été honnête. » L’avocat du barreau de Montpellier a lui aussi repris le dossier. Les déclarations des frères Tafusimai, « ennemis mortels du clan Vili », qui ont enfoncé l’accusé. Le juge d’instruction qui « garde pour lui pendant plusieurs mois l’information sur le calibre de l’arme ». Et les « convictions des enquêteurs », qui auraient « précédé les investigations ». « Finalement, ce dossier, c’est le festival d’Avignon. Il y a le “ in ”, et il y a le “ off ”, qui est le plus intéressant, mais où la défense ne peut pas entrer, faute de ticket. » Là encore, l’image a sans doute fait mouche.

« Le seul tort de Laurent Vili, finalement, c’est d’avoir été honnête »

Un peu plus tôt dans la journée, l’avocat général avait lui aussi repris la chronologie des événements, en faisant part de ses certitudes. « Peut-on s’accuser de faits si on ne les a pas commis ? », s’est demandé Gilles Brudy. « On ne peut pas faire abstraction de ces aveux », a-t-il assuré, en les comparant aux « éléments objectifs ». Mais, finalement, c’est l’accusation qui a le plus parlé de Laurent Vili, hier. « Une excellente moralité, un sportif exceptionnel, louangé par ses amis. Mais ce n’est pas parce qu’on est exemplaire qu’on ne peut pas basculer. » L’avocat général avait joué la carte de la démonstration, la partie civile celle de la conviction. Ne pas juger un homme uniquement sur sa personnalité, « un modèle pour la communauté du destin commun » et sur un contexte « abominable des deux côtés ». C’est l’argumentaire qu’a développé Me Laurent Aguila. « Laurent Vili sait qu’il a fait du mal, c’est pour cela qu’il est rongé par le remords. Alors pourquoi, tout simplement, ne pas dire cette vérité ? Cela vous aurait permis de demander pardon, a-t-il dit en se tournant vers l’accusé. En fait, a poursuivi Me Aguila, la ligne de défense de Laurent Vili se résume à cette phrase : j’ai choisi d’être innocent. Mais ce n’est pas parce que l’accusé a le droit de mentir que vous avez le devoir de le croire », a-t-il lancé une dernière fois aux jurés. Avant que la cour ne se retire, Laurent Vili a présenté ses condoléances à la famille de la victime. « On a tous souffert, depuis sept ans. Est-ce qu’on va continuer comme ça ? » Hier soir, Félix, Dorine, Richard, Brenda et Alexia sont rentrés chez eux. Ils et elles ne sauront sans doute jamais qui a tué leur fils, leur mari, leur père.

Pierrick Chatel

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vendredi 5 décembre 2008

Laurent Vili est acquitté reprend la presse

Le Midi Libre Édition du vendredi 5 décembre 2008 sur le site, édition du 6 décembre en kiosque.

Laurent Vili est finalement acquitté. Le verdict vient de tomber à Nouméa où le rugbymen Montpellierain était jugé en appel.

De six à huit années d'emprisonnement avaient pourtant été requises vendredi à Nouméa à l'encontre de l'ancien pilier de Montpellier, Laurent Vili, accusé d'un meurtre sur fond de conflit ethnique, dont il avait été acquitté lors d'un premier procès en assises.

L'avocat général Gilles Brudy a notamment fondé son réquisitoire sur les aveux « circonstanciés » du joueur wallisien en août 2002, qui s'était accusé d'être l'auteur du tir, à l'origine de la mort de Jean-Marie Goyeta, un jeune Kanak. Touché au bassin le 8 janvier 2002, il est décédé trois semaines plus tard à l'hôpital.

« Avec plein de détails », Laurent Vili avait déclaré avoir eu "le viseur sur la tête", puis être descendu sur « la cuisse et avoir tiré car il pensait avoir été repéré », a indiqué M. Brudy. Laurent Vili s'était ensuite rétracté avant de faire part de ses doutes.

Les faits s'étaient produits alors que des violences opposaient les Wallisiens et Futuniens du village de l'Ave Maria aux Kanaks de la tribu de Saint-Louis, à la périphérie de Nouméa. Le 8 janvier 2002 marquait la fin d'un ultimatum lancé par les Kanaks aux 200 familles wallisiennes pour qu'elles quittent les lieux.

La complexité du terrain, l'absence d'autopsie et la disparition de l'arme du tir - un fusil de calibre 270 - ont rendu difficile la reconstitution des faits de ce procès sensible. De surcroit, l'oncle de Jean-Marie Goyeta, témoin privilégié, qui avait disculpé Laurent Vili en première instance, est décédé en septembre dernier.

Gilles Brudy a salué « l'excellente moralité » de l'accusé, « sportif exceptionnel », qui fait figure d'exemple au sein de sa communauté. «D'une incontestable qualité humaine, il s'est trouvé au coeur d'un conflit d'une rare violence » a-t-il déclaré, qualifiant de « conjoncturelle » la « dangerosité » de Laurent Vili, acquitté en avril dernier.

Le verdict tombé dans la soirée à Nouméa innocente définitivement Laurent Vili.

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Procès Vili : L’arme du crime grande absente

Les Nouvelles Calédoniennes édition du 5 décembre 2008

Hier, il a beaucoup été question de la grande absente de ce procès : l’arme du crime. Autre (petite) difficulté : la position du tireur qui a atteint Jean-Marie Goyetta.

Les cassettes audio des écoutes téléphoniques et des disques informatiques. C’est tout ce qui se trouve dans la caisse des pièces à conviction. Le procès de Laurent Vili est un procès sans arme. Sans celle qui a entraîné la mort de Jean-Marie Goyetta, un mois après avoir été touché par un projectile tiré d’une carabine de grande chasse, du 270.
C’est ce calibre que Laurent Vili a toujours admis avoir eu en main, ce 8 janvier, au matin, lorsqu’il a tiré sur un homme, « à hauteur de la jambe, pour ne pas le tuer ». Jamais l’arme n’a pu être retrouvée. Elle aurait été utilisée par la communauté wallisienne jusqu’en août 2002, date de la garde à vue de l’accusé, à Montpellier. Après, mystère. Pour l’accusation, c’est le signe d’une dissimulation délibérée. Hier, l’audition appuyée de Petelo Laupua, qui aurait été le dernier à avoir tenu la 270, n’a fait qu’embrouiller les choses. « Mais non, moi j’avais une 300 », ou alors, « je ne sais plus qui a pris la carabine. » Bref, rien de tangible.
Passé cet écueil, il a fallu ensuite se pencher sur la position du tireur. Ce fut le second moment de la journée où il a été question d’un autre absent : Constant Dawano, l’oncle de Jean-Marie Goyetta qui était à ses côtés lorsqu’il est tombé. '' « Constant Dawano, il avait beaucoup d’idées. Mais il n’était pas vicieux. Il était sincère et cherchait des solutions. »''

Décédé le 14 septembre dernier, le seul témoin privilégié de cette affaire a finalement toujours dédouané l’accusé, alors qu’il n’y avait bien évidemment aucun intérêt. Et comme la veille, on a largement épilogué des deux côtés de la barre sur l’interprétation de ses déclarations : le tireur était du côté opposé à celui de Laurent Vili, la blessure de Jean-Marie Goyetta était celle d’une balle de moindre calibre, voire d’une arme automatique etc.
La question de la crédibilité de ses déclarations a donc été posée à l’un des enquêteurs de l’époque, cité comme témoin. « Dawano, il avait beaucoup d’idées, en a convenu le lieutenant Morichon. Mais ce n’était pas un vicieux. Je pense qu’il était sincère et qu’il cherchait réellement des solutions. » La défense saute à pieds joints. « Alors pourquoi ne pas avoir exploré les autres hypothèses qu’il avançait ? Ou pourquoi avoir laissé de côté celles qui n’allaient pas dans le sens des aveux de Laurent Vili ? La piste de l’homme en bleu qui s’enfuit ? Et les autres tireurs du secteur qui avaient, eux aussi, des 270 ? », ont insisté Mes Frédéric de Greslan et Gilles Gauer, qui ont lâché l’expression : instruction à charge. Contre eux, ils ont cependant un fait, têtu. L’absence de l’arme.
Hier, les auditions des témoins se sont déroulées jusque tard dans la soirée. Aujourd’hui, ce sera l’heure du réquisitoire et des plaidoiries. Le verdict est attendu dans la soirée.

Pierrick Chatel

jeudi 4 décembre 2008

Retour sur une enquête impossible

Les nouvelles Calédoniennes éditon du 4 décembre 2008

Hier, la cour d’assises est entrée au cœur du dossier. Les gendarmes ont détaillé les difficultés de l’enquête. Et Laurent Vili a expliqué sa vérité teintée de doutes et les raisons de ses aveux.

Finalement, la seule nouveauté du « dossier Vili » par rapport au premier procès, c’est l’absence du vieux Constant Dawano, décédé en septembre dernier. C’est l’oncle de la victime et, accessoirement, le seul témoin de l’instant où Jean-Marie-Goyetta est tombé, après avoir reçu la balle de 270 dans la hanche. Sa déposition doit être lue aujourd’hui, mais son témoignage a déjà donné l’occasion à chaque partie de tirer la couverture à soi. Il faut dire que sa version des faits disculpe Laurent Vili. Pour l’accusation et les enquêteurs, le vieux Dawano « était de bonne foi mais a difficilement pu fixer la position du tireur ». Pour la défense, « on n’a pas cherché à creuser la piste lorsque ce témoin essentiel a expliqué que le tir ne pouvait pas provenir de là où se trouvait Laurent Vili ». Même ce dernier n’a jamais pu déterminer cet emplacement exact : il n’a pas participé à la reconstitution, pour des raisons de sécurité. Et entre-temps, la végétation des lieux avait été transformée par le passage du cyclone Erica.

« Signer ces aveux, c’était pour venir devant la justice. Pour qu’elle dise si c’était moi. »

« C’est vrai qu’on n’a été aidé par rien du tout », a résumé le capitaine Carmona, qui commandait la brigade de recherches de Nouméa, à l’époque. Pas de constatations sur les lieux « parce que les gendarmes ne pouvaient pas entrer à Saint-Louis ». Pas d’autopsie sur le corps de la victime, immédiatement rendu à sa famille. Des témoins qui ont tardé à se manifester. « Ce n’était pas vraiment ce qu’on peut appeler une enquête normale ? », a interrogé Me Frédéric De Greslan, pour la défense, qui s’est demandé si « tout avait été mis en œuvre pour faire sortir la vérité ». L’avocat a un peu plus ajouté à la confusion dans l’esprit des jurés lorsqu’il a joué la carte d’un second blessé, le matin même où Jean-Marie Goyetta a été touché.
Hier, dans la matinée, Laurent Vili avait expliqué sa version des faits, ses remords et sa culpabilité après son coup de fusil et surtout, les raisons de ses aveux. « Je les ai signés pour ne pas me défiler. Je voulais aider la famille de Jean-Marie, parce que je vivais avec lui, dans ma tête et dans mon cœur. » Le doute avait ensuite envahi l’esprit de l’accusé. L’avocat général Brudy, sans doute comme beaucoup de monde, a eu du mal à comprendre ces aveux « altruistes ». « Vous croyez que vous rendez service à la famille de Jean-Marie en avouant puis en vous rétractant ? » « Il fallait que je vienne devant la justice pour savoir si c’était moi. » Vendredi, les jurés devront répondre à la question une seconde fois.

Pierrick Chatel

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mercredi 3 décembre 2008

Laurent Vili, un accusé modèle

Les Nouvelles Calédoniennes édition du 3 décembre 2008

La première journée du procès en appel de Laurent Vili a été consacrée à l’étude de la personnalité d’un accusé « gentil, attachant et foncièrement bon ». En fin d’audience, la cour d’assises a abordé le contexte des faits, notamment par l’audition du commandant des forces de gendarmerie de l’époque.

« Il n’aurait jamais dû se trouver à cet endroit-là. Vraiment. » La phrase, répétée quatre ou cinq fois par l’expert psychiatre, qui a dressé un tableau « plus que normal » de l’accusé, a sans doute résonné dans la tête des jurés. Ce 8 janvier 2002, donc, Laurent Vili n’aurait jamais dû être en bordure de la Thy, dissimulé dans la végétation. Il n’aurait jamais dû mettre en joue un homme dans la lunette de sa 270, avant d’appuyer sur la détente, puis de se baisser brusquement, par peur d’une riposte.
Pourtant, invariablement, tous les témoins cités par la défense l’ont admis. « Dans sa situation, j’aurais fait la même chose », assure ainsi Denis Navizet, un ancien partenaire de Montpellier, même si l’affirmation a parfois été tempérée. « Dans une équipe de rugby, quand on est pilier comme l’est Laurent, on apprend à ne pas reculer, on fait face », a expliqué Jean-Michel Meunier, un ancien première ligne. Alors oui, pour ses amis, ce 8 janvier, « Lolo a fait face ». Même si tous ont d’abord eu du mal à croire à ce coup de fusil, qui ne cadre pas avec le Laurent qu’ils connaissent. Un homme que ses amis aiment « comme un frère » ou qui « représente tout ce que je souhaite que mes enfants deviennent ».

« Laurent, il représente tout ce que je souhaite que mes enfants deviennent »

Après avoir parlé de son enfance heureuse, des heures passées avec les gamins de la tribu, des valeurs transmises par sa famille, de son père, « un papa wallisien qui ne montre pas son affection, parce que ce serait un aveu de faiblesse », Laurent Vili a évoqué sa rencontre avec le monde sportif, « qui lui a permis de voyager », puis de son départ pour la Métropole avec Sarah, sa copine. Et de son changement, après son « retour de Saint-Louis », en janvier 2002. « Je n’étais plus le même, a-t-il expliqué. Sarah a fait de son mieux pour m’aider mais elle ne pouvait pas comprendre ce que j’avais vécu. On était devenus deux étrangers. On s’est séparés pour se reconstruire chacun de notre côté. » L’avocat général saisit l’occasion au vol. « Pas parce qu’il y avait des divergences sur vos déclarations ? ». Léger sourire en coin de l’accusé. « Non, je voulais la protéger. Je n’ai pas eu envie de la mêler à tout cela. Je lui ai dit que Jean-Marie, c’était peut-être moi. » A l’époque, Laurent Vili avait envisagé cette version de l’histoire.

Pierrick Chatel

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« Il fallait limiter les dommages collatéraux »

mardi 2 décembre 2008

Laurent Vili rejugé à partir d'aujourd'hui

Le Midi Libre édition du mardi 2 décembre 2008

L'ancien rugbyman de Montpellier, accusé d'un meurtre commis en 2002, a été acquitté en avril dernier. Le parquet a fait appel.

La dernière fois que Laurent Vili est venu en Nouvelle-Calédonie, c'était en avril dernier, pour son premier procès. Après trois jours de débats, le rugbyman avait été acquitté pour le meurtre de Jean-Marie Goyetta, un kanak de Saint-Louis, une tribu située à deux pas de Nouméa. Les deux hommes avaient grandi ensemble et joué dans la même équipe de football, avant qu'un conflit communautaire ne les sépare, en 2002. Cette année-là, Laurent Vili, le Wallisien, était revenu de métropole pour prendre le fusil et défendre les siens.

La semaine dernière, le solide pilier de Bédarrides (Vaucluse) a de nouveau posé le pied sur sa terre natale, pour se préparer à cette nouvelle épreuve judiciaire. Entouré et soutenu par sa famille et par une partie de ses anciens coéquipiers de Montpellier qui ont fait le déplacement, Laurent Vili n'attend qu'une chose : un second acquittement.

« Depuis que la justice a trouvé en Laurent un coupable, on a mis une partie de notre vie en suspens, expliquent aussi ses frères et soeurs. Aujourd'hui, on attend de pouvoir enfin recommencer à vivre ». Laurent, lui, souhaite « ne plus avoir à se poser de question après ce second procès ».

Il aimerait aussi tirer un trait sur ce passé déchirant. Même si de chaque côté de la barre, on ne pourra jamais oublier ces mois de guérilla interethnique qui avaient causé la mort de trois hommes, et dont l'origine remonte à une bagarre de gamins, dans une cour de collège. Car le conflit avait ruiné vingt ans de coexistence. Après son mariage en 1976, Fano, le père de Laurent Vili, avait été l'un des premiers Wallisien à s'installer sur ces terres kanakes.

De son enfance, Laurent en parle comme des « meilleurs moments de sa vie ». Il se rappelle des trois titres remportés à la suite, lorsqu'il était gardien de l'équipe de foot de Saint-Louis, d'un tour de Calédonie qu'il avait fait avec ses coéquipiers kanaks, d'une halte dans le village natal de Jean-Marie Tjibaou, pour se recueillir sur sa tombe. « C'est là que j'avais découvert l'histoire douloureuse des Kanaks », explique celui qui s'était à son tour retrouvé au coeur de l'histoire immédiate de son pays.

Correspondance à Nouméa, Pierrick CHATEL

Deux familles à la barre

Les Nouvelles Calédoniennes édition du 2 décembre 2008 une LNC

Acquitté en avril dernier pour le meurtre de Jean-Marie Goyetta, Laurent Vili sera de nouveau jugé à partir de ce matin et jusqu’à vendredi devant la cour d’assises de Nouméa. Dans chaque camp, on espère que le procès permettra de tirer définitivement un trait sur les violences de l’Ave Maria de 2002, à défaut de les effacer complètement.

Ce week-end, à Saint-Louis, on a organisé une fois encore un loto, pour récolter des fonds. « Le 24 septembre dernier, au pied du Mwa Ka, on avait vendu des plantes ou des bougnas pour financer les frais d’avocat », explique Ghislaine, la sœur de Jean-Marie Goyetta. Du côté de Laurent Vili, un comité de soutien s’est mis en place depuis plusieurs mois déjà. Cet élan de solidarité est porté à bout de bras par la famille du rugby, à laquelle appartient le solide Wallisien, toujours pilier à l’AS Bédarrides, l’équipe d’un petit village du Vaucluse qui joue en troisième division. Trois internationaux français ont d’ailleurs vendu aux enchères leurs maillots.
Si, dans chaque camp, la mobilisation ne se dément pas, on appréhende évidemment de manière bien différente cette seconde épreuve judiciaire. Même si des deux côtés, on veut fermement croire à cette formule qui peut sembler incantatoire mais que l’on ne cesse de répéter : le destin commun.

Dans la famille de Jean-Marie Goyetta, tombé sous une balle de gros calibre en janvier 2002, on se raccroche aux paroles de la procureure générale, qui avait fait appel de l’acquittement. « Elle a dit que le dossier contenait suffisamment de charges pour le condamner », assure Ghislaine, qui ne prononce pas ou très peu le nom de l’accusé. A Saint-Louis, tout le monde avait ressenti le verdict comme une véritable injustice. Passée l’incompréhension, les commentaires avaient rapidement glissé sur des considérations communautaires. « Quand des Kanaks sont poursuivis, la justice condamne. Pas quand ce sont des Wallisiens.»
Samedi, lorsque les responsables coutumiers ont accompagné Laurent Aguila — l’avocat qui défendra les parties civiles — près de la rivière où Jean-Marie Goyetta a été touché par le tir, ils ont ainsi reparlé de cette « teneur politique du dossier ». « Il faut que le conflit de l’Ave Maria s’arrête une bonne fois pour toutes. Il faut que cette affaire serve de référence à la communauté kanak », a dit l’un d’eux. « Et si ce n’est pas lui qui a tué Jean-Marie, il faut bien que ce soit quelqu’un », ajoute Ghislaine, dont la maman est décédée en janvier dernier. « Elle est partie sans savoir qui avait tué son fils », se désole-t-elle.

Laurent à Nouméa fin novembre 2008 Chez les Vili, on fait aussi bloc derrière le « petit » dernier d’une famille de six enfants, lui qui parle de sa jeunesse « heureuse et joyeuse » à la tribu de Saint-Louis. « C’était les meilleurs moments de ma vie, le bonheur », raconte Laurent Vili, qui se souvient des trois titres de suite remportés par l’équipe de la tribu, lorsqu’il en était le gardien de but, d’un tour de Calédonie avec ses coéquipiers kanak, d’une halte à Tiendanite, « sur la tombe de Jean-Marie ». Et puis, comme ses frères et sœurs, du bonheur qui s’écroule au moment des violences. « Mais ce conflit entre deux communautés, hors de Nouméa, ça n’intéressait personne, déplore Marianne, l’une des sœurs de Laurent. Que l’Etat ne soit pas intervenu pour protéger la simple liberté d’aller et venir, cela a remis en question beaucoup de nos convictions. » Pour l’acquitté Vili, le répit a été de courte durée, avant l’annonce de l’appel. « C’est devenu dur d’apprécier les moments simples de la vie depuis, parce que j’ai toujours cette épée de Damoclès sur la tête, confie-t-il. J’aimerais qu’on sorte de ce procès sans avoir de question à me poser. Pour pouvoir recommencer à vivre. » Sa famille, en proie aux doutes, a parfois vécu des moments difficiles. Laurent aussi. « Cette affaire a détruit mon couple. J’ai perdu la femme de ma vie ». Il n’en dira pas plus.

... l'article complet de Pierrick Chatel

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lundi 24 novembre 2008

Laurent Vili rejugé le 2 décembre

Article paru dans les Nouvelles Calédoniennes le 24 novembre 2008

Acquitté en première instance, Laurent Vili sera rejugé par la cour d’assises d’appel, qui doit se réunir à partir du 2 décembre prochain, pour la dernière session de l’année.

Ce devait être les frères Konhu, ce sera finalement Laurent Vili. Après l’empêchement de l’avocat métropolitain nouvellement désigné dans « l’affaire de l’île des Pins », le procès phare de l’ultime session d’assises de l’année sera en définitive consacré à l’un des prolongements dramatiques des violences de Saint-Louis, qui s’étaient déroulées en janvier 2002.
Laurent Vili, un membre de la communauté wallisienne, devra de nouveau s’expliquer sur la mort de Jean-Marie Goyetta, fauché près de sa maison d’une balle de calibre 270. Il avait été acquitté en avril dernier, au terme de trois jours de procès. Mais quelques jours plus tard, le parquet général avait annoncé qu’il interjetait appel. « En dépit des débats, je considère que le dossier contient des charges suffisantes et je souhaite aller jusqu’au bout de la logique judiciaire », avait justifié Annie Brunet-Fuster, la procureure générale.

« Je considère que le dossier contient des charges suffisantes et je souhaite aller jusqu’au bout de la logique judiciaire »

L’audience du premier procès avait laissé planer une certaine confusion entre les différentes versions des témoins, directs ou indirects, de la scène. Par ailleurs, les gendarmes n’avaient pas pu immédiatement effectuer les constatations techniques habituelles sur la scène de crime, contexte tendu oblige. Un point bien embarrassant pour une enquête criminelle, puisque ce point de départ conditionne pour une bonne part la poursuite des investigations.
L’accusé avait ensuite été interpellé sept mois après les faits, alors qu’il se trouvait en Métropole. Il était présent à l’Ave Maria au moment du drame et faisait partie des tireurs côté wallisien. Placé sur écoute téléphonique, il avait indiqué à ses proches qu’il se considérait comme le meurtrier éventuel. Avant de revenir sur ses déclarations. En l’absence d’arme et de preuves scientifiques, le suspect numéro un avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire au bout d’un an de détention.
Le procès doit se dérouler du mardi 2 au vendredi 5 décembre. La défense sera assurée par Mes Gilles Gauer, du barreau de Montpellier, et Frédéric de Greslan. La partie civile sera représentée par Me Laurent Aguila. C’est l’avocat général Gilles Brudy qui soutiendra l’accusation et Jean-Michel Stoltz qui présidera les débats.

Pierrick Chatel

Laurent s'est envolé ce matin pour Nouméa... Bon courage !

Rejugé pour le meurtre d'un Kanak : Le monde du rugby derrière Laurent Vili

par La Rédaction du Dauphiné Libéré le 24/11/08

Après le match de rugby qui opposait hier, Bédarrides à Montmélian, le président de l'ASB, Gérard Bouche, a réuni les fidèles soutiens du joueur calédonien Laurent Vili pour lui remettre un gros chèque de 6 000 €. La somme collectée lors du repas d'avant-match pour permettre au rugbyman bédarridais d'assurer sa défense devant la cour d'assises de Nouméa. Le comité de soutien aurait déjà collecté 20 000 €.

Une "grande famille"

Laurent Vili doit en effet, être jugé en appel à partir du 2 décembre pour le meurtre d'un Kanak, après avoir été acquitté une première fois au printemps dernier. Des faits qui remontent à janvier 2002 et qui se sont déroulés dans un contexte de conflit ethnique très violent entre Wallisiens (la tribu à laquelle appartient le joueur) et Kanaks.
L'intéressé, visiblement très ému, a confié combien la "grande famille" du rugby l'avait aidé.

De notre correspondant local LAURE GRANGET

dimanche 23 novembre 2008

Le club de Bédarrides soutient son joueur accusé de meurtre

La Provence édition du 22 novembre 2008

Acquitté en avril, Laurent Vili sera jugé en appel à Nouméa du 2 au 5 décembre

La voix est calme, posée. Laurent Vili, pilier du club de rugby de Bédarrides depuis cet été, raconte avec des mots choisis cette terrible nuit du 7 au 8 janvier 2002 où il a pris les armes pour défendre son village, "parce que je n'avais pas le choix" s'excuse-t-il presque. Au cours de ce nouvel épisode, des affrontements auxquels se livrent épisodiquement les tribus wallisiennes et mélanésiennes, un jeune Kanak est touché par balle. Il décédera trois semaines plus tard.

Laurent Vili, alors joueur de Montpellier et étudiant en Staps, est accusé du meurtre. Il passera un an en prison, entre septembre 2002 et septembre 2003. Acquitté en avril dernier, il sera rejugé en appel du 2 au 5 décembre, à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).

"Je suis fatigué, avoue Laurent Vili. La Justice sert à quoi? Je vais vivre ce procès comme un match important. J'y vais pour gagner, la vérité éclatera." À l'annonce de ce nouveau procès, début novembre, Bédarrides a décidé de lancer une opération de soutien pour son joueur, aidé par le comité monté à Montpellier à l'époque où Laurent Vili évoluait sous les couleurs du club héraultais. Spontanément, le capitaine Romain Tissot a donné son défraiement du mois d'octobre, l'ensemble des joueurs mettant la main à la poche. Puis, une tombola a été organisée au club. Entre temps, une collecte a aussi été mise en place dans huit commerces de la ville. Au total, près de 5 000 € seront remis à Laurent Vili dimanche, après le match contre Montmélian (voir par ailleurs).

"Cela me remonte le moral. Ce soutien est important pour ma famille et pour moi dans une période très difficile à vivre" confie Laurent. À son côté, Gérard Bouche, le président de l'ASB, l'écoute avec attention: "C'est naturel de lui tendre la main. C'est typique de Bédarrides, de la solidarité qui existe dans ce club. Laurent fait partie de la famille."

"Je vais me battre"

Cette histoire bouleverse l'ensemble du club qui l'a accueilli au cours de l'été dernier. "C'est une injustice, un truc de fou! On sait que l'on ne défend pas un meurtrier. C'est un guerrier en temps de guerre. On ne voit pas comment un tribunal peut le condamner", insiste Gérard Bouche, qui parle d'un homme "attachant, sensible, sain et droit. Il est gêné par cette affaire, qui donne une mauvaise image de lui."

Touché par cet élan de solidarité autour de lui, Laurent Vili assume. "Je prends la responsabilité de ce qui m'arrive. Mais je ne m'attendais pas à vivre un nouveau procès. J'étais là pour le rugby, pour jouer. Ce sport permet de me sentir vivant. Sur un terrain, j'existe encore. Et je vais me battre", lance-t-il. Mercredi, Laurent Vili s'envolera pour Nouméa. Tout un club attend son retour.

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mercredi 19 novembre 2008

Laurent Vili rejugé en décembre à Nouméa

Le Midi-Libre édition du mercredi 19 novembre 2008

Nouvel, et peut-être dernier épisode, dans ce que l'on appelle "l'affaire Vili". Accusé du meurtre d'un jeune Mélanésien en Nouvelle-Calédonie, le 8 janvier 2002, lors d'affrontements tribaux, et acquitté le 23 avril 2008, celui qui, à l'époque des faits, était rugbyman à Montpellier, va se retrouver début décembre devant la justice néo-calédonienne. En effet, le parquet de Nouméa avait fait appel de l'acquittement du sportif.

C'est dans une atmosphère assez lourde que s'étaient déroulés les trois jours de procès en mars dernier. Les parents de Jean-Marie Goyetta, la victime, espéraient, évidemment, connaître la vérité sur la mort de leur fils. Laurent Vili, accompagné de ses amis montpelliérains, avait été reconnu innocent à l'issue de débats ayant mis en lumière les contradictions du dossier (position du tireur, éloigné de l'endroit où se trouvait Vili), en même temps qu'ils avaient déploré le rôle plutôt passif des gendarmes pourtant présents à Mont-Doré, où les violences ont éclaté.

« Nous sommes un peu stressés, avoue Michel Bonnaud, président du comité de soutien de Laurent Vili, qui sera à Nouméa avec Jérôme Vallée, rugbyman à Montpellier, Jean-Michel Meunier et Denis Navizet, anciens joueurs. Le seul élément nouveau est malheureusement le décès d'un témoin très important pour nous... Cependant, le dossier est tel que nous espérons que cette épreuve sera la dernière... »

C. V.

dimanche 16 novembre 2008

Acquitté pour le meurtre d'un Kanak : le pilier droit de Bédarrides va être rejugé

par La Rédaction du Dauphiné Libéré pour Vaucluse matin | le 16/11/08

Laurent Vili, pilier de rubgy à l'AS Bédarrides, était promis à un bel avenir. Sa vie a basculé un jour de décembre 2001, quand un conflit ethnique a frappé son village natal de Nouvelle-Calédonie (Voir ci-contre).
Accusé du meurtre d'un jeune Kanak, une tribu opposée à sa communauté wallisienne, Laurent se débat depuis sept ans. Acquitté une première fois en avril, il doit être rejugé en appel début décembre. « Il n'y a pourtant aucun élément nouveau dans le dossier », souffle le grand gaillard de 31 ans aux cheveux grisonnants.

Soutien des joueurs

Arrivé dans le Vaucluse au coeur de l'été, ses nouveaux partenaires l'ont de suite soutenu. Ce soutien infaillible, le pilier wallisien l'avait déjà connu à Montpellier, le club qui l'a vu éclore. L'affaire éclate en 2002. « J'ai appelé le président pour m'excuser de cette mauvaise publicité et je lui ai dit que je partirais », se souvient-il. Mais quelques jours plus tard, l'aumônier de la prison lui apprend qu'un comité de soutien a vu le jour. Un appui capital. « Ils m'ont témoigné une confiance incroyable qui m'a permis de tenir toutes ces années », concède Laurent avant de reprendre l'entraînement dans le vent glacial de novembre. Le joueur bédarridais sait qu'il doit en passer par là pour défendre sa cause aux yeux de l'opinion publique.
« Ça ne pouvait pas être moi qui l'aie tué, un témoin se trouvant à côté de la victime a témoigné en ma faveur au procès. Malheureusement, il est décédé depuis ».
À ses côtés, les dirigants de l'ASB écoutent religieusement, le sourcil froncé. Laurent leur a été recommandé par une pointure de l'ovalie : Michel Bonnaud, dirigeant du club de Montpellier.
Fondateur du comité de soutien à Laurent Vili, il est son plus fidèle ange gardien. Michel Bonnaud le dit lui-même : « J'ai pris mon bâton de pèlerin pour expliquer que Laurent n'était pas un meurtrier »

Les troupes mobilisées pour le second procès d'assises

Gérard Bouche, président de l'ASB, Jean-Paul Volpe, directeur administratif, et Stéphane Réat, manager général, militent désormais pour la cause. À l'approche du second procès d'assises, ils mobilisent les troupes. Le 23 novembre une grande collecte est prévue à l'occasion du match contre Montmélian (Savoie). L'argent, le véritable nerf de la guerre, sans lequel Laurent et sa famille auraient du mal à assumer le coût d'une telle procédure. Billets d'avion, frais d'avocats et de justice.
Une page de son histoire que le rugbyman espère définitivement tourner le mois prochain à Nouméa. Même s'il avoue « qu'on ne vit plus de la même manière après ça ». Le temps d'un dernier salut chaleureux et Laurent repart user ses crampons sur le stade des Verdeaux.

MOBILISATION DU 23 NOVEMBRE
Une collecte de fonds sera organisée, lors du repas d'avant-match le 23 novembre entre Bédarrides et Montmélian. Trois internationaux du club de Montpellier seront présents : François Trin-Duc, Louis Picamoles et Fulgence Ouedraogo, ainsi que les dirigeants du comité de soutien montpelliérain.

Jean-François GARCIN
Paru dans l'édition 84A du 16/11/2008 (81408)

A lire aussi

dimanche 10 août 2008

Témoignage de Laurent Vili dans le magazine Provale

Dans le magazine Provale n°13, vous pouvez lire page 11 un dossier spécial consacré à Laurent. Pour récupérer le magazine en ligne, cliquer sur le lien ci-dessous :

mercredi 21 mai 2008

Le club de tous les supporters

Le Midi-Libre, édition du mercredi 21 mai 2008 Le CDS à Palavas

Ce jour-là , le Club des supporters de Montpellier avait convié ses homologues toulousains à partager leur repas d'avant-match. A leurs côtés, Laurent Vili, auquel une enveloppe contenant la participation symbolique de 5 € par personne, allait bientôt être reversée pour l'aider à financer son second procès devant la cour d'assises de Nouméa.
Le soutien indéfectible aux joueurs, la présence sur tous les terrains depuis 2003, date de la création du club pour la finale de Pro D2 à Sapiac, les relations nouées avec les autres clubs des supporters du Top 14 : toute la philosophie de Florence Fabre et son équipe est résumée dans cette rencontre chaleureuse organisée il y a une dizaine de jours à Palavas. « Une belle journée qui a récompensé l'investissement de tous les membres du club » , sourit la présidente. Une belle journée, comme tant d'autres depuis 2003.

Notes

@Photo DR pour le Midi-Libre

mercredi 14 mai 2008

RUGBY A XV Solidarité : 22 000 € pour Vili

Le Midi-Libre édition du mercredi 14 mai 2008

Dimanche soir, après le match de Top 14 entre Montpellier et Toulouse, au stade Yves-du-Manoir, la vente aux enchères de quatre maillots de l'équipe de France portés par les internationaux du club, Louis Picamoles, Julien Tomas, François Trinh-Duc et Fulgence Ouedraogo a rapporté la somme de 22 000 €. Qui sera reversée au comité de soutien de Laurent Vili, le rugbyman du MHRC qui, après avoir été acquitté de l'accusation de meurtre à Nouméa, devra repasser en appel bientôt. Max. BERULLIER

samedi 10 mai 2008

Cet appel qui interpelle

Paru dans "Les Infos" le 9 mai 2008

Le parquet général a annoncé récemment qu'il faisait appel de l'acquittement de Laurent Vili, jugé devant la cour d'assises pour le meurtre de Jean-Marie Goyetta. Une décision plutôt surprenante, mais qui s'explique. Pas comme le veut forcément la nouvelle procureure générale.

Acquitté Vili, levez-vous et repassez par la case justice. Annie Brunet-Fuster, la procureure générale, a donc annoncé qu'elle faisait appel de l'acquittement prononcé par la cour d'assises à l'encontre de Laurent Vili.
Selon madame Brunet-Fuster, c'est la "logique judiciaire" qui a d'abord prévalu dans sa décision "difficile à prendre". Elle a même considéré que "en dépit des débats, le dossier contient des charges suffisantes à l'encontre de Laurent Vili", en ajoutant qu'il est nécessaire de "ne pas s'arrêter au milieu du gué en allant jusqu'au bout de la logique judiciaire". Comprenne qui pourra, notamment lorsque la même procureure générale déclare que les pressions générées par ce verdict sont étrangères à sa décision.
En fait, il semble bien que le communiqué de l'Union calédonienne (lire ci-dessous), tout comme la manifestation organisée après le verdict de ce procès, pèsent lourd dans cet appel. Ce qui peut à la fois se comprendre et surprendre.
Comprendre car il y a bien une mort tragique qu'il faut élucider. Surprendre car le procès a démontré que Laurent Vili n'était pas forcément l'auteur de cet assassinat.

Nouvel exemple de ces dysfonctionnements

A dire vrai, et bien au delà de ce seul cas, il serait visiblement plus opportun, désormais, de lancer un vibrant appel à cette justice calédonienne, qui souffre d'instructions souvent trop mal ficelées, d'enquêtes parfois bâclées et de verdicts qui en souffrent de manière patente. L'affaire Vili est un nouvel exemple, qui s'ajoute à tant d'autres, de ces dysfonctionnements qui vont finir par désabuser le plus grand nombre.
Il y a quelques mois, l'affaire Kohnu, dans un autre registre, avait suscité les mêmes interrogations. Avec deux coupables initialement désignés pour finalement aboutir à un seul condamné. Aujourd'hui, c'est donc un acquitté, Laurent Vili, qui va devoir retrouver le banc des accusés. Pour un nouveau procès dont on perçoit mal l'intérêt s'il n'apporte, comme c'est envisagé, aucun fait nouveau.
En conclusion, on ne peut pas oublier et autre cas, Portugais celui-là. L'histoire d'un frêle petit personnage, handicapé physiquement, limité intellectuellement, et qui a fomenté un plan diabolique pour tuer sa victime. Au final, une peine de vingt ans. Peut-être que ce maçon dans cette affaire , n'a pas été assez franc.

Th. S.

Communiqué de l'Union calédonienne

vendredi 9 mai 2008

DROPS Montpellier : les Bleus solidaires

Le Midi Libre édition du vendredi 9 mai 2008

Montpellier : les Bleus solidaires.- Fulgence Ouedraogo, Louis Picamoles et François Trinh-Duc ont spontanément accepté de se séparer de l'un de leurs maillots portés avec l'équipe de France. Une vente aux enchères comprenant notamment ces maillots sera organisée dimanche à Yves-du-Manoir, lors de la réception d'après match. Les fonds récoltés seront entièrement reversés au comité de soutien de Laurent Vili pour financer son nouveau procès à la suite de l'appel interjeté par le procureur de Nouméa, après son acquittement par la cour d'assises pour le meurtre dont il était accusé. A leur échelle, le club des supporters de Montpellier et celui de Toulouse se mobilisent également. Ils ont décidé de reverser la participation pour leur repas (pris en commun avant le match), à ce même comité de soutien.
... la suite

mercredi 7 mai 2008

Le mouvement des citoyens calédoniens « s’insurge » contre l’appel du parquet général

Les Nouvelles Calédoniennes

Dans un communiqué, le mouvement des citoyens calédoniens « s’insurge » contre l’appel du parquet général dans l’affaire Laurent Vili. « Dans sa prise de décision, la procureure générale a-t-elle usé de toute la sagesse requise dans un contexte tel que celui de la Nouvelle-Calédonie ? », s’interroge le président de cette association, Tino Manuohalalo. « Cinq ans ont passé depuis les événements de l’Ave Maria et la communauté wallisienne et futunienne continue d’être humiliée et de subir les conséquences de cette exclusion orchestrée dans l’indifférence totale de l’État et des institutions locales. Plusieurs de ces familles désœuvrées sont actuellement menacées d’expulsion de leurs logements. » Et le communiqué d’assurer que cette communauté est devenue le « bouc émissaire et la victime d’un contentieux existant entre l’État et les partis politiques », avant de prophétiser : « La position critiquable de la justice associée aux différentes déclarations et manifestations hostiles des partis politiques indépendantistes rendent difficile voire impossible la perspective de voir un jour se concrétiser le fameux destin commun et harmonieux gravé dans l’accord de Nouméa »

lundi 5 mai 2008

Le parquet général pas d’accord

Paru dans les Nouvelles Calédoniennes

« Il s’agit, pour le parquet, d’être logique avec les poursuites qu’il a initiées. Je souhaite qu’on aille jusqu’au bout de la logique judiciaire. » Voilà comment Annie Brunet-Fuster, procureur général, a expliqué sa décision de faire appel de l’acquittement de Laurent Vili. Le rugbyman avait été jugé pendant trois jours, à la fin du mois dernier, pour le meurtre de Jean-Marie Goyetta en janvier 2002, lors des affrontements interethniques qui avaient secoué la tribu de Saint-Louis. « Logique dans les poursuites », même si personne ou presque n’avait compris le sens des réquisitions prises à l’audience par le ministère public : cinq ans de prison avec sursis. « Beaucoup d’entre nous auraient fait ce qu’il (Laurent Vili) a fait, mais il n’en avait pas le droit », avait conclu Robert Blaser, au terme d’un réquisitoire où il avait manifestement distingué un tir fait pour tuer d’un tir de riposte, une réaction d’autodéfense. Dans la logique du ministère public, le tir de Laurent Vili relevait de la seconde option. Au lendemain du verdict, la communauté mélanésienne de Saint-Louis avait manifesté son mécontentement. Mercredi dernier, au cours d’une marche, le « comité de soutien des prisonniers de Saint-Louis » avait crié à la « justice coloniale ». Pourtant, la procureur générale a pris soin de préciser que sa décision n’était pas destinée à donner des gages à la communauté kanak. Argument réfuté par la défense de Laurent Vili.

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