Procès Vili : L’arme du crime grande absente
Par Sophie M. le vendredi 5 décembre 2008, 07:58 - Dans la presse - Lien permanent
Les Nouvelles Calédoniennes édition du 5 décembre 2008
Hier, il a beaucoup été question de la grande absente de ce procès : l’arme du crime. Autre (petite) difficulté : la position du tireur qui a atteint Jean-Marie Goyetta.
Les cassettes audio des écoutes téléphoniques et des disques informatiques. C’est tout ce qui se trouve dans la caisse des pièces à conviction. Le procès de Laurent Vili est un procès sans arme. Sans celle qui a entraîné la mort de Jean-Marie Goyetta, un mois après avoir été touché par un projectile tiré d’une carabine de grande chasse, du 270.
C’est ce calibre que Laurent Vili a toujours admis avoir eu en main, ce 8 janvier, au matin, lorsqu’il a tiré sur un homme, « à hauteur de la jambe, pour ne pas le tuer ». Jamais l’arme n’a pu être retrouvée. Elle aurait été utilisée par la communauté wallisienne jusqu’en août 2002, date de la garde à vue de l’accusé, à Montpellier. Après, mystère. Pour l’accusation, c’est le signe d’une dissimulation délibérée. Hier, l’audition appuyée de Petelo Laupua, qui aurait été le dernier à avoir tenu la 270, n’a fait qu’embrouiller les choses. « Mais non, moi j’avais une 300 », ou alors, « je ne sais plus qui a pris la carabine. » Bref, rien de tangible.
Passé cet écueil, il a fallu ensuite se pencher sur la position du tireur. Ce fut le second moment de la journée où il a été question d’un autre absent : Constant Dawano, l’oncle de Jean-Marie Goyetta qui était à ses côtés lorsqu’il est tombé. '' « Constant Dawano, il avait beaucoup d’idées. Mais il n’était pas vicieux. Il était sincère et cherchait des solutions. »''Décédé le 14 septembre dernier, le seul témoin privilégié de cette affaire a finalement toujours dédouané l’accusé, alors qu’il n’y avait bien évidemment aucun intérêt. Et comme la veille, on a largement épilogué des deux côtés de la barre sur l’interprétation de ses déclarations : le tireur était du côté opposé à celui de Laurent Vili, la blessure de Jean-Marie Goyetta était celle d’une balle de moindre calibre, voire d’une arme automatique etc.
La question de la crédibilité de ses déclarations a donc été posée à l’un des enquêteurs de l’époque, cité comme témoin. « Dawano, il avait beaucoup d’idées, en a convenu le lieutenant Morichon. Mais ce n’était pas un vicieux. Je pense qu’il était sincère et qu’il cherchait réellement des solutions. » La défense saute à pieds joints. « Alors pourquoi ne pas avoir exploré les autres hypothèses qu’il avançait ? Ou pourquoi avoir laissé de côté celles qui n’allaient pas dans le sens des aveux de Laurent Vili ? La piste de l’homme en bleu qui s’enfuit ? Et les autres tireurs du secteur qui avaient, eux aussi, des 270 ? », ont insisté Mes Frédéric de Greslan et Gilles Gauer, qui ont lâché l’expression : instruction à charge. Contre eux, ils ont cependant un fait, têtu. L’absence de l’arme.
Hier, les auditions des témoins se sont déroulées jusque tard dans la soirée. Aujourd’hui, ce sera l’heure du réquisitoire et des plaidoiries. Le verdict est attendu dans la soirée.Pierrick Chatel
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