Les Nouvelles Calédoniennes édition du 3 décembre 2008

La première journée du procès en appel de Laurent Vili a été consacrée à l’étude de la personnalité d’un accusé « gentil, attachant et foncièrement bon ». En fin d’audience, la cour d’assises a abordé le contexte des faits, notamment par l’audition du commandant des forces de gendarmerie de l’époque.

« Il n’aurait jamais dû se trouver à cet endroit-là. Vraiment. » La phrase, répétée quatre ou cinq fois par l’expert psychiatre, qui a dressé un tableau « plus que normal » de l’accusé, a sans doute résonné dans la tête des jurés. Ce 8 janvier 2002, donc, Laurent Vili n’aurait jamais dû être en bordure de la Thy, dissimulé dans la végétation. Il n’aurait jamais dû mettre en joue un homme dans la lunette de sa 270, avant d’appuyer sur la détente, puis de se baisser brusquement, par peur d’une riposte.
Pourtant, invariablement, tous les témoins cités par la défense l’ont admis. « Dans sa situation, j’aurais fait la même chose », assure ainsi Denis Navizet, un ancien partenaire de Montpellier, même si l’affirmation a parfois été tempérée. « Dans une équipe de rugby, quand on est pilier comme l’est Laurent, on apprend à ne pas reculer, on fait face », a expliqué Jean-Michel Meunier, un ancien première ligne. Alors oui, pour ses amis, ce 8 janvier, « Lolo a fait face ». Même si tous ont d’abord eu du mal à croire à ce coup de fusil, qui ne cadre pas avec le Laurent qu’ils connaissent. Un homme que ses amis aiment « comme un frère » ou qui « représente tout ce que je souhaite que mes enfants deviennent ».

« Laurent, il représente tout ce que je souhaite que mes enfants deviennent »

Après avoir parlé de son enfance heureuse, des heures passées avec les gamins de la tribu, des valeurs transmises par sa famille, de son père, « un papa wallisien qui ne montre pas son affection, parce que ce serait un aveu de faiblesse », Laurent Vili a évoqué sa rencontre avec le monde sportif, « qui lui a permis de voyager », puis de son départ pour la Métropole avec Sarah, sa copine. Et de son changement, après son « retour de Saint-Louis », en janvier 2002. « Je n’étais plus le même, a-t-il expliqué. Sarah a fait de son mieux pour m’aider mais elle ne pouvait pas comprendre ce que j’avais vécu. On était devenus deux étrangers. On s’est séparés pour se reconstruire chacun de notre côté. » L’avocat général saisit l’occasion au vol. « Pas parce qu’il y avait des divergences sur vos déclarations ? ». Léger sourire en coin de l’accusé. « Non, je voulais la protéger. Je n’ai pas eu envie de la mêler à tout cela. Je lui ai dit que Jean-Marie, c’était peut-être moi. » A l’époque, Laurent Vili avait envisagé cette version de l’histoire.

Pierrick Chatel

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