Le Midi Libre édition du mardi 2 décembre 2008

L'ancien rugbyman de Montpellier, accusé d'un meurtre commis en 2002, a été acquitté en avril dernier. Le parquet a fait appel.

La dernière fois que Laurent Vili est venu en Nouvelle-Calédonie, c'était en avril dernier, pour son premier procès. Après trois jours de débats, le rugbyman avait été acquitté pour le meurtre de Jean-Marie Goyetta, un kanak de Saint-Louis, une tribu située à deux pas de Nouméa. Les deux hommes avaient grandi ensemble et joué dans la même équipe de football, avant qu'un conflit communautaire ne les sépare, en 2002. Cette année-là, Laurent Vili, le Wallisien, était revenu de métropole pour prendre le fusil et défendre les siens.

La semaine dernière, le solide pilier de Bédarrides (Vaucluse) a de nouveau posé le pied sur sa terre natale, pour se préparer à cette nouvelle épreuve judiciaire. Entouré et soutenu par sa famille et par une partie de ses anciens coéquipiers de Montpellier qui ont fait le déplacement, Laurent Vili n'attend qu'une chose : un second acquittement.

« Depuis que la justice a trouvé en Laurent un coupable, on a mis une partie de notre vie en suspens, expliquent aussi ses frères et soeurs. Aujourd'hui, on attend de pouvoir enfin recommencer à vivre ». Laurent, lui, souhaite « ne plus avoir à se poser de question après ce second procès ».

Il aimerait aussi tirer un trait sur ce passé déchirant. Même si de chaque côté de la barre, on ne pourra jamais oublier ces mois de guérilla interethnique qui avaient causé la mort de trois hommes, et dont l'origine remonte à une bagarre de gamins, dans une cour de collège. Car le conflit avait ruiné vingt ans de coexistence. Après son mariage en 1976, Fano, le père de Laurent Vili, avait été l'un des premiers Wallisien à s'installer sur ces terres kanakes.

De son enfance, Laurent en parle comme des « meilleurs moments de sa vie ». Il se rappelle des trois titres remportés à la suite, lorsqu'il était gardien de l'équipe de foot de Saint-Louis, d'un tour de Calédonie qu'il avait fait avec ses coéquipiers kanaks, d'une halte dans le village natal de Jean-Marie Tjibaou, pour se recueillir sur sa tombe. « C'est là que j'avais découvert l'histoire douloureuse des Kanaks », explique celui qui s'était à son tour retrouvé au coeur de l'histoire immédiate de son pays.

Correspondance à Nouméa, Pierrick CHATEL