Les nouvelles Calédoniennes éditon du 4 décembre 2008

Hier, la cour d’assises est entrée au cœur du dossier. Les gendarmes ont détaillé les difficultés de l’enquête. Et Laurent Vili a expliqué sa vérité teintée de doutes et les raisons de ses aveux.

Finalement, la seule nouveauté du « dossier Vili » par rapport au premier procès, c’est l’absence du vieux Constant Dawano, décédé en septembre dernier. C’est l’oncle de la victime et, accessoirement, le seul témoin de l’instant où Jean-Marie-Goyetta est tombé, après avoir reçu la balle de 270 dans la hanche. Sa déposition doit être lue aujourd’hui, mais son témoignage a déjà donné l’occasion à chaque partie de tirer la couverture à soi. Il faut dire que sa version des faits disculpe Laurent Vili. Pour l’accusation et les enquêteurs, le vieux Dawano « était de bonne foi mais a difficilement pu fixer la position du tireur ». Pour la défense, « on n’a pas cherché à creuser la piste lorsque ce témoin essentiel a expliqué que le tir ne pouvait pas provenir de là où se trouvait Laurent Vili ». Même ce dernier n’a jamais pu déterminer cet emplacement exact : il n’a pas participé à la reconstitution, pour des raisons de sécurité. Et entre-temps, la végétation des lieux avait été transformée par le passage du cyclone Erica.

« Signer ces aveux, c’était pour venir devant la justice. Pour qu’elle dise si c’était moi. »

« C’est vrai qu’on n’a été aidé par rien du tout », a résumé le capitaine Carmona, qui commandait la brigade de recherches de Nouméa, à l’époque. Pas de constatations sur les lieux « parce que les gendarmes ne pouvaient pas entrer à Saint-Louis ». Pas d’autopsie sur le corps de la victime, immédiatement rendu à sa famille. Des témoins qui ont tardé à se manifester. « Ce n’était pas vraiment ce qu’on peut appeler une enquête normale ? », a interrogé Me Frédéric De Greslan, pour la défense, qui s’est demandé si « tout avait été mis en œuvre pour faire sortir la vérité ». L’avocat a un peu plus ajouté à la confusion dans l’esprit des jurés lorsqu’il a joué la carte d’un second blessé, le matin même où Jean-Marie Goyetta a été touché.
Hier, dans la matinée, Laurent Vili avait expliqué sa version des faits, ses remords et sa culpabilité après son coup de fusil et surtout, les raisons de ses aveux. « Je les ai signés pour ne pas me défiler. Je voulais aider la famille de Jean-Marie, parce que je vivais avec lui, dans ma tête et dans mon cœur. » Le doute avait ensuite envahi l’esprit de l’accusé. L’avocat général Brudy, sans doute comme beaucoup de monde, a eu du mal à comprendre ces aveux « altruistes ». « Vous croyez que vous rendez service à la famille de Jean-Marie en avouant puis en vous rétractant ? » « Il fallait que je vienne devant la justice pour savoir si c’était moi. » Vendredi, les jurés devront répondre à la question une seconde fois.

Pierrick Chatel

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