par La Rédaction du Dauphiné Libéré pour Vaucluse matin | le 16/11/08

Laurent Vili, pilier de rubgy à l'AS Bédarrides, était promis à un bel avenir. Sa vie a basculé un jour de décembre 2001, quand un conflit ethnique a frappé son village natal de Nouvelle-Calédonie (Voir ci-contre).
Accusé du meurtre d'un jeune Kanak, une tribu opposée à sa communauté wallisienne, Laurent se débat depuis sept ans. Acquitté une première fois en avril, il doit être rejugé en appel début décembre. « Il n'y a pourtant aucun élément nouveau dans le dossier », souffle le grand gaillard de 31 ans aux cheveux grisonnants.

Soutien des joueurs

Arrivé dans le Vaucluse au coeur de l'été, ses nouveaux partenaires l'ont de suite soutenu. Ce soutien infaillible, le pilier wallisien l'avait déjà connu à Montpellier, le club qui l'a vu éclore. L'affaire éclate en 2002. « J'ai appelé le président pour m'excuser de cette mauvaise publicité et je lui ai dit que je partirais », se souvient-il. Mais quelques jours plus tard, l'aumônier de la prison lui apprend qu'un comité de soutien a vu le jour. Un appui capital. « Ils m'ont témoigné une confiance incroyable qui m'a permis de tenir toutes ces années », concède Laurent avant de reprendre l'entraînement dans le vent glacial de novembre. Le joueur bédarridais sait qu'il doit en passer par là pour défendre sa cause aux yeux de l'opinion publique.
« Ça ne pouvait pas être moi qui l'aie tué, un témoin se trouvant à côté de la victime a témoigné en ma faveur au procès. Malheureusement, il est décédé depuis ».
À ses côtés, les dirigants de l'ASB écoutent religieusement, le sourcil froncé. Laurent leur a été recommandé par une pointure de l'ovalie : Michel Bonnaud, dirigeant du club de Montpellier.
Fondateur du comité de soutien à Laurent Vili, il est son plus fidèle ange gardien. Michel Bonnaud le dit lui-même : « J'ai pris mon bâton de pèlerin pour expliquer que Laurent n'était pas un meurtrier »

Les troupes mobilisées pour le second procès d'assises

Gérard Bouche, président de l'ASB, Jean-Paul Volpe, directeur administratif, et Stéphane Réat, manager général, militent désormais pour la cause. À l'approche du second procès d'assises, ils mobilisent les troupes. Le 23 novembre une grande collecte est prévue à l'occasion du match contre Montmélian (Savoie). L'argent, le véritable nerf de la guerre, sans lequel Laurent et sa famille auraient du mal à assumer le coût d'une telle procédure. Billets d'avion, frais d'avocats et de justice.
Une page de son histoire que le rugbyman espère définitivement tourner le mois prochain à Nouméa. Même s'il avoue « qu'on ne vit plus de la même manière après ça ». Le temps d'un dernier salut chaleureux et Laurent repart user ses crampons sur le stade des Verdeaux.

MOBILISATION DU 23 NOVEMBRE
Une collecte de fonds sera organisée, lors du repas d'avant-match le 23 novembre entre Bédarrides et Montmélian. Trois internationaux du club de Montpellier seront présents : François Trin-Duc, Louis Picamoles et Fulgence Ouedraogo, ainsi que les dirigeants du comité de soutien montpelliérain.

Jean-François GARCIN
Paru dans l'édition 84A du 16/11/2008 (81408)

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