Comité de soutien à Laurent Vili

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En Nouvelle Calédonie, depuis de nombreuses décennies la tribu MELANESIENNE et la Communauté WALLISIENNE se livrent, épisodiquement, à une guerre ethnique. Lors du conflit de décembre 2001 qui s'est déroulé dans la région de Saint Louis, Laurent VILI, Wallisien, s'est retrouvé pris dans la tourmente et accusé de meurtre...
Le second procès est terminé. L'acquittement de Laurent VILI est confirmé !
Nous vous remercions tous vivement de votre soutien jusqu'au bout ! Marque d'acceptation .

vendredi 19 décembre 2008

JE SUIS LIBRE

Je suis enfin libre, libre de tous soupçons mais surtout libre de pouvoir regarder plus loin que le jour d'aujourd'hui. Je suis un homme heureux comme vous ne pouvez l'imaginer, cette sensation de légèreté qui me berce. Et pourtant, il me faudra encore du temps pour digérer ces 7 dernières années, en tirer le meilleur de chaque instant de souffrance.

Je pense à vous ma famille, Papa, Maman, Marianne, Hélène, Poli, Victor, Célé et toi Sarah. Vous avez tellement souffert. Je pense aussi à vous nos proches, de près ou de loin, qui comme ma famille aviez mis vos vies entre parenthèse. A toi Michel et Arlette qui avez tant donné. Ce calvaire est enfin fini, il est temps pour tout le monde de reprendre La VIE et de la délecter comme il se doit.

Je pense à mes amis d'enfance de la tribu de Saint-Louis, ceux avec qui j'ai grandi et que rien au monde n'enlevera ce lien d'amitié. Sommes nous plus heureux qu'il y a 7 ans? Avons nous construit un monde meilleur pour nos enfants? Je ne le pense pas. Mais nous pouvons redonner la VIE à ces enfants. Le Respect, La Tolérance, L'Humilité et bien d'autres valeurs qui en feront un jour des Hommes et des Femmes heureux de vivre ensemble. Richard, Brenda et Alexis mais aussi Ghislaine et toi Glenn, vous serez toujours présents dans mes prières.

Je pense à toutes les Familles de l'AVE MARIA, qui ne demandent aujourd'hui qu'une reconnaissance de l'État, de leurs situations. La France doit enfin cesser de se comporter comme un voyou. La dignité, l'honneur de ces Familles et par là même, celle de la France doit aujourd'hui être rétabli. Malo sia koto'u tali mamahi.

Je pense aussi à vous, Tous ceux qui nous en soutenu durant ces 7 dernières années. MERCI de votre Soutien. Un soutien de Cœur, de Droiture et de ténacité. MERCI de nous avoir rendu notre "liberté". Que vous soyez de la famille du rugby ou simple citoyen du monde, vous nous avez tous apporté le réconfort morale et la force d'affronter ces épreuves DEBOUT.

En cette fin d'année, je tenais à vous souhaiter à Tous de très Bonnes Fêtes et surtout beaucoup de bonheurs auprès de ceux qui vous sont chers. Je penserai à Vous, à Vous Tous qui m'avez soutenu, à Tous ceux qui me sont Chers...et je léverai mon verre : "à l'Amitié! et à La Vie!" Merci, parce que aujourd'hui je suis prés des miens, avec un ciel bien dégagé et les épaules plus légères.

Malo Si'i Ofa (Merci),

Laurent.

ps: le bonheur est fait de petit rien qui nous fait sentir bien mais surtout que l'autre existe...par là même...

dimanche 14 décembre 2008

Diffusion du Reportage RFO

Un mixte des reportages tournés lors du départ de Laurent pour Nouméa, et lors de son retour dans le sud, sera diffusé sur France Ô lundi 15 décembre à 17h30 lors de l'émission "Couleurs Sport".

Pour ceux qui ne pourront le voir à ce moment là, il sera visible toute la semaine sur le site de RFO.

mardi 9 décembre 2008

Lolo est bien arrivé

C'est l'heure d'un repos bien mérité pour Laurent et ses amis qui l'accompagnaient.

Le reportage de son retour ce soir sur France O à 19h, et peut-être (plus bref) sur France 2 durant l'émission rencontre à XV à 8h dimanche 14 décembre.

lundi 8 décembre 2008

Revue de presse du Pacifique

Pour ceux qui savent lire l'anglais, voilà la revue de presse du jour côté pacifique :

Pour lire toute la revue de presse depuis le début : clic ici...

samedi 6 décembre 2008

Laurent Vili revient en homme libre à Montpellier

L'affaire est terminée. Laurent revient enfin libre en métropole. Son retour est prévu pour le mardi 9 décembre à Montpellier, et son avion atterrit à 8h55[1]...

Ses proches et ses amis seront là pour l'accueillir...

Laurent va enfin pouvoir souffler et reconstruire sa vie. Place au bonheur !

Notes

[1] Arrivée Paris : 4h25

Laurent Vili deux fois acquitté titre les Nouvelles Calédoniennes

édition du 6 décembre 2008

acquitté

Lors du premier procès, les jurés avaient délibéré pendant deux heures. Cette fois, ils ont mis deux fois moins de temps pour parvenir à la même décision. Laurent Vili est un homme doublement acquitté.

Hier matin, deux secondes après les réquisitions de l’avocat général, une chape de plomb s’était abattue du côté droit de la salle, là où était rassemblé le camp Vili. « Six à huit ans de prison, ferme, avec mandat de dépôt. » En début de soirée, le même silence, presque irréel, s’est abattu après la réponse à la première question posée par la cour. Non, Laurent Vili n’est pas l’auteur du coup de feu qui a entraîné la mort de Jean-Marie Goyetta.
Un dossier mal engagé (pas de constatations immédiates, ni d’autopsie) et une enquête qui s’est raccrochée aux seuls aveux du suspect numéro un, « démoli et torturé » par son geste et qui, en admettant avoir tiré, « a voulu participer à la justice ». C’est l’image qu’on gardera de « l’affaire Vili ». Les jurés n’ont pas transigé. Le doute était suffisamment présent pour acquitter le rugbyman une deuxième fois.
Vendredi après-midi, tout comme ils l’avaient fait la veille, ses deux défenseurs ont continué à le distiller, ce fameux doute, « qui doit profiter à l’accusé », selon la formule consacrée. Deux éléments ont probablement fait pencher la balance : la thèse d’un deuxième tireur ayant atteint un second blessé. En l’occurrence Yann Palau, quelques minutes avant que Jean-Marie Goyetta ne soit touché. Dans la chronologie des faits telle que l’a relatée Me Frédéric de Greslan, c’est ce second blessé que Laurent vili aurait atteint. La défense a avancé un autre argument de poids : des cris et des pleurs venus de la rive kanak, entendus par Laurent Vili après son tir. Or jamais personne, côté victime, n’a fait état de ce fait après que Jean-Marie Goyetta s’est effondré. « On n’a aucune raison de mentir quand on s’accuse de la mort d’un homme », a résumé l’avocat. Laurent Vili, rongé par les remords, a donc avoué pour savoir. Me Gilles Gauer a enfoncé le clou. « Le seul tort de Laurent Vili, finalement, c’est d’avoir été honnête. » L’avocat du barreau de Montpellier a lui aussi repris le dossier. Les déclarations des frères Tafusimai, « ennemis mortels du clan Vili », qui ont enfoncé l’accusé. Le juge d’instruction qui « garde pour lui pendant plusieurs mois l’information sur le calibre de l’arme ». Et les « convictions des enquêteurs », qui auraient « précédé les investigations ». « Finalement, ce dossier, c’est le festival d’Avignon. Il y a le “ in ”, et il y a le “ off ”, qui est le plus intéressant, mais où la défense ne peut pas entrer, faute de ticket. » Là encore, l’image a sans doute fait mouche.

« Le seul tort de Laurent Vili, finalement, c’est d’avoir été honnête »

Un peu plus tôt dans la journée, l’avocat général avait lui aussi repris la chronologie des événements, en faisant part de ses certitudes. « Peut-on s’accuser de faits si on ne les a pas commis ? », s’est demandé Gilles Brudy. « On ne peut pas faire abstraction de ces aveux », a-t-il assuré, en les comparant aux « éléments objectifs ». Mais, finalement, c’est l’accusation qui a le plus parlé de Laurent Vili, hier. « Une excellente moralité, un sportif exceptionnel, louangé par ses amis. Mais ce n’est pas parce qu’on est exemplaire qu’on ne peut pas basculer. » L’avocat général avait joué la carte de la démonstration, la partie civile celle de la conviction. Ne pas juger un homme uniquement sur sa personnalité, « un modèle pour la communauté du destin commun » et sur un contexte « abominable des deux côtés ». C’est l’argumentaire qu’a développé Me Laurent Aguila. « Laurent Vili sait qu’il a fait du mal, c’est pour cela qu’il est rongé par le remords. Alors pourquoi, tout simplement, ne pas dire cette vérité ? Cela vous aurait permis de demander pardon, a-t-il dit en se tournant vers l’accusé. En fait, a poursuivi Me Aguila, la ligne de défense de Laurent Vili se résume à cette phrase : j’ai choisi d’être innocent. Mais ce n’est pas parce que l’accusé a le droit de mentir que vous avez le devoir de le croire », a-t-il lancé une dernière fois aux jurés. Avant que la cour ne se retire, Laurent Vili a présenté ses condoléances à la famille de la victime. « On a tous souffert, depuis sept ans. Est-ce qu’on va continuer comme ça ? » Hier soir, Félix, Dorine, Richard, Brenda et Alexia sont rentrés chez eux. Ils et elles ne sauront sans doute jamais qui a tué leur fils, leur mari, leur père.

Pierrick Chatel

A lire aussi

vendredi 5 décembre 2008

Laurent Vili est acquitté reprend la presse

Le Midi Libre Édition du vendredi 5 décembre 2008 sur le site, édition du 6 décembre en kiosque.

Laurent Vili est finalement acquitté. Le verdict vient de tomber à Nouméa où le rugbymen Montpellierain était jugé en appel.

De six à huit années d'emprisonnement avaient pourtant été requises vendredi à Nouméa à l'encontre de l'ancien pilier de Montpellier, Laurent Vili, accusé d'un meurtre sur fond de conflit ethnique, dont il avait été acquitté lors d'un premier procès en assises.

L'avocat général Gilles Brudy a notamment fondé son réquisitoire sur les aveux « circonstanciés » du joueur wallisien en août 2002, qui s'était accusé d'être l'auteur du tir, à l'origine de la mort de Jean-Marie Goyeta, un jeune Kanak. Touché au bassin le 8 janvier 2002, il est décédé trois semaines plus tard à l'hôpital.

« Avec plein de détails », Laurent Vili avait déclaré avoir eu "le viseur sur la tête", puis être descendu sur « la cuisse et avoir tiré car il pensait avoir été repéré », a indiqué M. Brudy. Laurent Vili s'était ensuite rétracté avant de faire part de ses doutes.

Les faits s'étaient produits alors que des violences opposaient les Wallisiens et Futuniens du village de l'Ave Maria aux Kanaks de la tribu de Saint-Louis, à la périphérie de Nouméa. Le 8 janvier 2002 marquait la fin d'un ultimatum lancé par les Kanaks aux 200 familles wallisiennes pour qu'elles quittent les lieux.

La complexité du terrain, l'absence d'autopsie et la disparition de l'arme du tir - un fusil de calibre 270 - ont rendu difficile la reconstitution des faits de ce procès sensible. De surcroit, l'oncle de Jean-Marie Goyeta, témoin privilégié, qui avait disculpé Laurent Vili en première instance, est décédé en septembre dernier.

Gilles Brudy a salué « l'excellente moralité » de l'accusé, « sportif exceptionnel », qui fait figure d'exemple au sein de sa communauté. «D'une incontestable qualité humaine, il s'est trouvé au coeur d'un conflit d'une rare violence » a-t-il déclaré, qualifiant de « conjoncturelle » la « dangerosité » de Laurent Vili, acquitté en avril dernier.

Le verdict tombé dans la soirée à Nouméa innocente définitivement Laurent Vili.

A lire aussi la nouvelle sur :

Laurent Vili acquitté, annonce le communiqué du MHRC à la LNR

Les médias n'ont pas encore diffusé l'information, à part France bleu Hérault ce matin et une brève dans rugbyrama vers midi... Par contre dans le milieu rugbystique la bonne nouvelle a fait le tour comme une trainée de poudre.

Au terme d'un parcours juridique éreintant Laurent VILI a été acquitté. Le MHRC lui renouvelle tout son soutien :
Après deux heures de délibération et quatre jours de procès, notre pilier a été acquitté pour la deuxième fois consécutive. Michel Bonnaud, Denis Navizet et Jérôme Vallée étaient venus le soutenir à Nouméa durant ces quatre journées extrêmement éprouvantes. On imagine la tension qui peut régner en pareille situation.

Nous avons eu le plaisir de recueillir les premières impressions de Laurent VILI. Son portable ne répondait pas et on se figure à peine de l'émoi dans lequel il devait être. C'est donc par l'intermédiaire de Jérôme Vallée que nous avons pu le contacter. A peine le portable décroché, Jérôme semble grisé de bonheur. Les montpelliérains sont réunis autour d'un verre de l'amitié, "un truc exceptionnel" nous confie Jérôme Vallée, "c'est énorme", notre troisième ligne est aux anges, "c'est génial, pour Laurent c'est un gros soulagement". De superlatif en superlatif nous finirons par avoir Laurent VILI :

"C'était laborieux, c'était un calvaire, un périple qui aujourd'hui prend fin. J'avoue ne pas encore réaliser vraiment ce qui m'arrive, petit à petit je me rends compte.
Je tiens à remercier Thierry PEREZ et derrière lui tout le club de Montpellier, Michel Bonnaud, Denis Navizet, Jérôme Vallée, mais aussi tous les supporters, le comité de soutien et tous les gens de rugby qui m'ont soutenu"

L'AS Bédarrides Rugby a également annoncé la nouvelle dès sa parution sur ce blog.

Le verdit est tombé : Laurent Vili acquitté !

Le premier message arrive à l'instant de sa compagne :

Lolo est acquitté !

Comment dire ? .... pas de mot tellement c'est .... aaahhhhh !

Laurent est acquitté pour la seconde fois !


55 mn de délibérations et voilà ! Quel soulagement ! Quel bonheur ! Que d'émotions !

En attente du verdict !

Le verdict est attendu dans la soirée à Nouméa, vers midi à Montpellier....

L'avocat général a requis de 6 à 8 ans de prison avec mise sous écrous immédiate...

Procès Vili : L’arme du crime grande absente

Les Nouvelles Calédoniennes édition du 5 décembre 2008

Hier, il a beaucoup été question de la grande absente de ce procès : l’arme du crime. Autre (petite) difficulté : la position du tireur qui a atteint Jean-Marie Goyetta.

Les cassettes audio des écoutes téléphoniques et des disques informatiques. C’est tout ce qui se trouve dans la caisse des pièces à conviction. Le procès de Laurent Vili est un procès sans arme. Sans celle qui a entraîné la mort de Jean-Marie Goyetta, un mois après avoir été touché par un projectile tiré d’une carabine de grande chasse, du 270.
C’est ce calibre que Laurent Vili a toujours admis avoir eu en main, ce 8 janvier, au matin, lorsqu’il a tiré sur un homme, « à hauteur de la jambe, pour ne pas le tuer ». Jamais l’arme n’a pu être retrouvée. Elle aurait été utilisée par la communauté wallisienne jusqu’en août 2002, date de la garde à vue de l’accusé, à Montpellier. Après, mystère. Pour l’accusation, c’est le signe d’une dissimulation délibérée. Hier, l’audition appuyée de Petelo Laupua, qui aurait été le dernier à avoir tenu la 270, n’a fait qu’embrouiller les choses. « Mais non, moi j’avais une 300 », ou alors, « je ne sais plus qui a pris la carabine. » Bref, rien de tangible.
Passé cet écueil, il a fallu ensuite se pencher sur la position du tireur. Ce fut le second moment de la journée où il a été question d’un autre absent : Constant Dawano, l’oncle de Jean-Marie Goyetta qui était à ses côtés lorsqu’il est tombé. '' « Constant Dawano, il avait beaucoup d’idées. Mais il n’était pas vicieux. Il était sincère et cherchait des solutions. »''

Décédé le 14 septembre dernier, le seul témoin privilégié de cette affaire a finalement toujours dédouané l’accusé, alors qu’il n’y avait bien évidemment aucun intérêt. Et comme la veille, on a largement épilogué des deux côtés de la barre sur l’interprétation de ses déclarations : le tireur était du côté opposé à celui de Laurent Vili, la blessure de Jean-Marie Goyetta était celle d’une balle de moindre calibre, voire d’une arme automatique etc.
La question de la crédibilité de ses déclarations a donc été posée à l’un des enquêteurs de l’époque, cité comme témoin. « Dawano, il avait beaucoup d’idées, en a convenu le lieutenant Morichon. Mais ce n’était pas un vicieux. Je pense qu’il était sincère et qu’il cherchait réellement des solutions. » La défense saute à pieds joints. « Alors pourquoi ne pas avoir exploré les autres hypothèses qu’il avançait ? Ou pourquoi avoir laissé de côté celles qui n’allaient pas dans le sens des aveux de Laurent Vili ? La piste de l’homme en bleu qui s’enfuit ? Et les autres tireurs du secteur qui avaient, eux aussi, des 270 ? », ont insisté Mes Frédéric de Greslan et Gilles Gauer, qui ont lâché l’expression : instruction à charge. Contre eux, ils ont cependant un fait, têtu. L’absence de l’arme.
Hier, les auditions des témoins se sont déroulées jusque tard dans la soirée. Aujourd’hui, ce sera l’heure du réquisitoire et des plaidoiries. Le verdict est attendu dans la soirée.

Pierrick Chatel

jeudi 4 décembre 2008

Procès : Compte-rendu de la journée du jeudi 4 décembre 2008

Je reçois ce compte-rendu à l'instant après 14h d'audience. Merci à mes correspondants que j'embrasse très fort... Voilà donc ce qu'il s'est passé durant ces longues heures chargées en émotion de toutes parts.

Le matin

Le président du tribunal a commencé par lire les déclarations de monsieur Dawano (l'oncle de Jean Marie Goyetta), le témoin clé du premier procès qui avait permis de disculper Laurent. Dans sa déclaration, il décrit comment au petit matin, il a entendu des coups de feu dans l'eau, et comment il a décidé de partir avec son neveu chercher d'où provenait le tir. Il expliquera plus tard que JM Goyetta s'était mis dans la position du tireur et qu'il lui avait dit de ne pas rester à découvert. A cet instant il était frappé d'une balle de fusil de grande chasse au niveau du bassin et s'écroulait sur le sol.

Lors de la commission rogatoire, on avait noté à quel point il était difficile de faire une reconstitution en l'absence de Lolo, et surtout dans un décor qui avait changé (la reconstitution a eu lieu en juillet et la végétation n'était plus la même. Le passage d'un cyclone avait également sans doute modifié beaucoup de choses.) Tant bien que mal, les enquêteurs avaient réussi à déterminer un angle de tir, le nombre de coups de fusil et une distance de tir. Ils avaient également pu noter que la victime ne portait pas de cartouchière. Le témoignage de monsieur Dawano apportait des éléments concernant les opposants Wallisiens, il disculpait du même coup Kilo (le cousin de Lolo et par conséquent, Lolo lui-même.)

Les jurés sont restés longuement à lire le rapport effectué par les enquêteurs. Ils ont pu découvrir le théâtre des événements ainsi que le parcours effectué par Constant Dawano et son neveu ce matin là.

En ce qui concerne l'arme on sent à quel point il pouvait régner une tension importante à l'époque. L'idée que l'arme ayant atteint la victime pouvait être une arme militaire a pesé longtemps sur les débats…

Nous avons pu assister à un témoignage pour le moins surréaliste. En effet, monsieur Alert va dire la même chose et son contraire lors de sa déclaration. On se demande, à ce moment là, à quel point il ne subit pas des pressions. Il va tout de même déclarer quelque chose d'intéressant quand il affirmera à plusieurs reprises que les gendarmes "qui étaient en colère ce jour là" lui ont fait dire que JM Goyetta portait une cartouchière. Ce témoin affirmera également que les forces de l'ordre lui ont fait signer sa déclaration sans lui permettre de la relire !

Le président lira d'autres témoignages de Kanaks allant dans le sens de ce qu'avait déclaré monsieur Dawano avant de donner la parole aux Wallisiens.

C'est Pétélo Laupua dit "kilo" (le cousin de Lolo) qui est entendu le premier. Ce dernier était avec Laurent au moment des faits. On mesure la souffrance et le sentiment d'abandon ressentis par la communauté à ce moment là. Il décrit le contexte au travers duquel il a vu sa maison incendiée, les prédations et la peur pour les siens. Kilo racontera également le moment ou il va demander de l'aide auprès des gendarmes et les réponses qui lui sont faites : "On ne peut rien faire, assurez votre défense seuls". Pétélo va alors hisser le drapeau Français sur sa maison comme pour se convaincre qu'il vit encore dans un état de Droit…

Par la suite on sent qu'il reste traumatisé par les événements et qu'il va tout faire pour protéger celui qu'il considère comme son petit frère (Lolo). Malheureusement ses tentatives sont maladroites et elles amènent l'avocat général à l'accuser d'avoir délibérément caché l'arme de Lolo. Il niera.

L’après midi 14h-22h…

Cela débute par la projection du film où l’on voit Kilo ( cousin de lolo, présent avec lui au moment des faits ) et les enquêteurs lors de la reconstitution sur les lieux de l’Ave Maria. Cela nous éclaire sur la végétation, les positions de lolo et de la victime et sur la topographie. On comprend mieux les dires de kilo sur l’impossibilité de voir clairement la position des autres Wallisiens sur les autres de tirs. La défense met en exergue une explication à la disparition des armes dont celle qu’a utilisée Lolo car suite à une dispute violente avec sa sœur, kilo, perturbé, disjoncte et tire plusieurs coups de feu. Les autres habitants de l’ave maria craignent une autre scène de ce type retirent les armes stockées chez lui jusqu’à présent.

Lieutenant Morichon

Il revient sur les conditions « impossibles » de l’enquête qui ne s’appuie au départ que sur des rumeurs. On peut remarquer plusieurs manquements à l’instruction :

  • Différentes pistes offertes par Dawano (oncle de la victime, présent avec elle, au moment des faits) non vérifiées car elles lui semblent « fantaisistes ».
  • Pas de procès verbal lors du déplacement sur les lieux avec l’expert
  • Il concède qu’il y avait d’autres postes de tirs ce matin là, mais ne vérifie pas qui pouvait s’y trouver, ni s'il y avait d’autres porteurs de calibre 270…
  • Il cherchait une arme sans savoir le calibre de celle-ci !!!

La défense pose des jalons pour mettre en évidence le décalage chronologique entre le coup porté à la victime et le coup tiré par Laurent. Mais il y a beaucoup de heurts entre les parties.

Expert balistique

Il affirme clairement qu’aucune des positions de tirs n’est compatible avec la position de la victime, quand elle est touchée, décrite par Dawano, ni avec les analyses des légistes. Autrement dit, Laurent n’a pas pu atteindre de son poste la victime, ce qui constitue une preuve scientifique de l’innocence de Laurent. Il conclut en disant qu’un grand champ de possibilités est ouvert.

La rumeur

De nombreux témoignages se succèdent sans lever la confusion de ces rumeurs. Si ce n’est qu’elles soient lancées par des opposants au papa de Laurent.

Les fax

Témoignage plein de tendresse d’une maman qui est interrogée sur les correspondances qu’elle avait échangées avec Laurent à cette époque. Il en ressort que ce sont l’inquiétude et l’amour qui lui dictent ses mots.

La suite demain....

Procès : Compte-rendu de la journée du mardi 2 décembre 2008

Ce compte rendu de la première journée du procès arrive en décalage par rapport à celui de la deuxième, quoiqu'il en soit voilà ce qu'il s'est passé ce jour là :

La première journée plante clairement le décor :

  • Le président du tribunal parait être beaucoup plus professionnel que lors du premier procès.
  • Les jurés sont cette fois au nombre de 12 (neuf pour le premier procès)
  • Un avocat général beaucoup plus présent et incisif que son prédécesseur
  • Idem pour la partie civile

La journée a débuté par la lecture de l'acte d'accusation durant laquelle Lolo a déjà du répondre à toute une série de questions.

Ensuite est venu le tour des témoins de personnalité (vos serviteurs). La grande nouveauté pour nous a été de nous faire cuisiner par l'avocat général et celui de la partie civile. Les questions tournaient autour de la comptabilité entre la description que nous faisions de Laurent et le fait qu'il ai pu prendre une arme et tirer, qu'aurions nous fait à sa place ? Exercice pas facile mais en parlant avec notre cœur nous nous en sommes bien sortis.

Le psychiatre est ensuite intervenu sur l'enquête de personnalité. Ses conclusions se passent de commentaires dans la mesure où il a dit que Laurent était plus normal que lui et qu'il se demandait si dans la même situation il n'aurait pas fait la même chose !

Nous avons ensuite eu droit à la lecture des vérifications faites sur la personnalité de Laurent durant laquelle le président a balayé un certain nombre de témoignages bien sur tous en faveur de Laurent, avec entre autre : Thierry Perez, Pascal Mancuso, Nicolas Barbaz, Didier Nourault, …

La cour s'est ensuite attachée (chose qui n'avait pas forcément été mise en évidence lors du premier procès) à déterminer et clarifier le contexte des faits.

Nous avons vu défiler à la barre (physiquement et par visio-conférence) un certain nombre de représentants de l'ordre publique (le colonel Travers ainsi que deux gendarmes en charge des escadrons présents sur le site au moment des faits). On apprend que plusieurs stratégies semblent avoir été élaborées sans que véritablement une seule d'entre elles soit mise en application… en substance on était présent mais on n'a rien fait ! On a senti planer l'ombre des événements d'Ouvéa sur ce conflit, puisque de l'aveu même des acteurs qui ont témoigné, le principal objectif des forces de l'ordre était de ne pas se faire prendre!

La question de la légitime défense collective a été posée, la réponse appartiendra à la cour, mais certains semblent penser qu'elle ne peut s'appliquer à la communauté Wallisienne mais par contre elle existe pour les gendarmes…

Nous avons eu droit à un petit retour en arrière sur l'attaque de l'Avé Maria par les Mélanésiens. Les gendarmes étaient présents au moment de la mise en place de ladite attaque par les jeunes de la tribu de St Louis, mais ils ont quitté les lieux pour se redéployer ailleurs!

Quand la sœur de Kilo (cousine de lolo est venue à la barre raconter ce qui se passait cette nuit là, on mesure largement les sentiments d'abandon et de détresse qui habitent les Wallisiens aujourd'hui. Témoignages largement renforcés par le maire du mont dore de l'époque!

La diffusion du reportage de TF1 a de nouveau marqué les esprits. Le premier juré, membre de la communauté Wallisienne a préféré se désister en mettant en avant le fait qu'elle risquait de manquer d'impartialité au moment du jugement.

Voilà pour cette première journée de procès ce qui en ressort essentiellement c'est la confirmation de la défaillance de l'état dans cette histoire ainsi que la stratégie de la partie civile et du parquet qui semble se préciser autours de la caricature de milice Wallisienne venant attaquer la paisible communauté mélanésienne! On n'est plus à une couleuvre prés…

Retour sur une enquête impossible

Les nouvelles Calédoniennes éditon du 4 décembre 2008

Hier, la cour d’assises est entrée au cœur du dossier. Les gendarmes ont détaillé les difficultés de l’enquête. Et Laurent Vili a expliqué sa vérité teintée de doutes et les raisons de ses aveux.

Finalement, la seule nouveauté du « dossier Vili » par rapport au premier procès, c’est l’absence du vieux Constant Dawano, décédé en septembre dernier. C’est l’oncle de la victime et, accessoirement, le seul témoin de l’instant où Jean-Marie-Goyetta est tombé, après avoir reçu la balle de 270 dans la hanche. Sa déposition doit être lue aujourd’hui, mais son témoignage a déjà donné l’occasion à chaque partie de tirer la couverture à soi. Il faut dire que sa version des faits disculpe Laurent Vili. Pour l’accusation et les enquêteurs, le vieux Dawano « était de bonne foi mais a difficilement pu fixer la position du tireur ». Pour la défense, « on n’a pas cherché à creuser la piste lorsque ce témoin essentiel a expliqué que le tir ne pouvait pas provenir de là où se trouvait Laurent Vili ». Même ce dernier n’a jamais pu déterminer cet emplacement exact : il n’a pas participé à la reconstitution, pour des raisons de sécurité. Et entre-temps, la végétation des lieux avait été transformée par le passage du cyclone Erica.

« Signer ces aveux, c’était pour venir devant la justice. Pour qu’elle dise si c’était moi. »

« C’est vrai qu’on n’a été aidé par rien du tout », a résumé le capitaine Carmona, qui commandait la brigade de recherches de Nouméa, à l’époque. Pas de constatations sur les lieux « parce que les gendarmes ne pouvaient pas entrer à Saint-Louis ». Pas d’autopsie sur le corps de la victime, immédiatement rendu à sa famille. Des témoins qui ont tardé à se manifester. « Ce n’était pas vraiment ce qu’on peut appeler une enquête normale ? », a interrogé Me Frédéric De Greslan, pour la défense, qui s’est demandé si « tout avait été mis en œuvre pour faire sortir la vérité ». L’avocat a un peu plus ajouté à la confusion dans l’esprit des jurés lorsqu’il a joué la carte d’un second blessé, le matin même où Jean-Marie Goyetta a été touché.
Hier, dans la matinée, Laurent Vili avait expliqué sa version des faits, ses remords et sa culpabilité après son coup de fusil et surtout, les raisons de ses aveux. « Je les ai signés pour ne pas me défiler. Je voulais aider la famille de Jean-Marie, parce que je vivais avec lui, dans ma tête et dans mon cœur. » Le doute avait ensuite envahi l’esprit de l’accusé. L’avocat général Brudy, sans doute comme beaucoup de monde, a eu du mal à comprendre ces aveux « altruistes ». « Vous croyez que vous rendez service à la famille de Jean-Marie en avouant puis en vous rétractant ? » « Il fallait que je vienne devant la justice pour savoir si c’était moi. » Vendredi, les jurés devront répondre à la question une seconde fois.

Pierrick Chatel

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« Ma vie avec un mort-vivant »

mercredi 3 décembre 2008

Procès : Compte-rendu de la journée du mercredi 3 décembre 2008

Le temps de régler quelques soucis techniques de communication entre Nouméa et Montpellier, et voilà le premier compte-rendu arrive. Merci Denis

La journée de ce mercredi est consacrée aux faits

La matinée servira à entendre la version de Laurent. Il commence par exprimer le sentiment d’abandon vécu par la communauté wallisienne et raconte en détail le déroulement de son séjour ainsi que la nuit des faits.

Les débats vont porter en particulier sur le moment précis où Laurent à quelqu’un dans sa visée. La question étant de savoir s’il y avait légitime défense et s’il reconnait la victime à ce moment. Le président va revenir longuement sur les aveux de Laurent mettant en doute sa bonne foi. Laurent a expliqué longuement que le but de ses aveux était d’aller vers la vérité mais ce que les gendarmes relataient ne faisait pas état de la part de doute qui l’habitait depuis toujours.

La partie civile et l’avocat général vont axer leur stratégie en particulier sur la question des aveux en occultant tout le reste. La défense va s’employer à démontrer que d’autres pistes auraient pu être exploitées.

Témoignage de Sarah

L’intervention de Sarah était poignante. Elle revient sur l’interpellation et la garde à vue ainsi que sur l’état psychologique dans lequel était Laurent au moment de son retour en métropole. Elle conforte la manière peu orthodoxe dont les aveux ont été obtenus ainsi que la manipulation des gendarmes pour orienter les déclarations de Laurent.

L’après midi

Nous avons entendu le lieutenant Chiancazo et le Capitaine Carmona qui avaient pour mission d’enquêter sur les affaires liés aux événements de St Louis.

Ils reviennent sur le climat qui régnait à l’époque : Ils emploient le terme de guerre civile pour décrire les événements. Ils reviendront également sur l’enquête puis l’interpellation de Laurent et de Sarah et de la perquisition effectuée à leur domicile. Ils précisent que l’enquête s’est réalisée dans des conditions difficiles et dans un cadre surnaturel. Les enquêteurs n’ont pu se rendre sur les lieux que 6 mois plus tard !!!!

Les aveux obtenus rapidement ont conduit les enquêteurs à négliger les autres pistes, ce qui explique que l’instruction n’ai été faite qu’à charge…

Les experts

Les experts médicaux se succèdent en apportant des éléments contradictoires qui sèment le doute dans les esprits.

Comme lors du 1er procès le docteur Merger s’est illustré par son incompétence. Le président évoque même un « raté » dans la procédure.

On peut noter de grands manquements dans l’instruction qui ont entravé et ralenti le travail de la défense.

Laurent Vili, un accusé modèle

Les Nouvelles Calédoniennes édition du 3 décembre 2008

La première journée du procès en appel de Laurent Vili a été consacrée à l’étude de la personnalité d’un accusé « gentil, attachant et foncièrement bon ». En fin d’audience, la cour d’assises a abordé le contexte des faits, notamment par l’audition du commandant des forces de gendarmerie de l’époque.

« Il n’aurait jamais dû se trouver à cet endroit-là. Vraiment. » La phrase, répétée quatre ou cinq fois par l’expert psychiatre, qui a dressé un tableau « plus que normal » de l’accusé, a sans doute résonné dans la tête des jurés. Ce 8 janvier 2002, donc, Laurent Vili n’aurait jamais dû être en bordure de la Thy, dissimulé dans la végétation. Il n’aurait jamais dû mettre en joue un homme dans la lunette de sa 270, avant d’appuyer sur la détente, puis de se baisser brusquement, par peur d’une riposte.
Pourtant, invariablement, tous les témoins cités par la défense l’ont admis. « Dans sa situation, j’aurais fait la même chose », assure ainsi Denis Navizet, un ancien partenaire de Montpellier, même si l’affirmation a parfois été tempérée. « Dans une équipe de rugby, quand on est pilier comme l’est Laurent, on apprend à ne pas reculer, on fait face », a expliqué Jean-Michel Meunier, un ancien première ligne. Alors oui, pour ses amis, ce 8 janvier, « Lolo a fait face ». Même si tous ont d’abord eu du mal à croire à ce coup de fusil, qui ne cadre pas avec le Laurent qu’ils connaissent. Un homme que ses amis aiment « comme un frère » ou qui « représente tout ce que je souhaite que mes enfants deviennent ».

« Laurent, il représente tout ce que je souhaite que mes enfants deviennent »

Après avoir parlé de son enfance heureuse, des heures passées avec les gamins de la tribu, des valeurs transmises par sa famille, de son père, « un papa wallisien qui ne montre pas son affection, parce que ce serait un aveu de faiblesse », Laurent Vili a évoqué sa rencontre avec le monde sportif, « qui lui a permis de voyager », puis de son départ pour la Métropole avec Sarah, sa copine. Et de son changement, après son « retour de Saint-Louis », en janvier 2002. « Je n’étais plus le même, a-t-il expliqué. Sarah a fait de son mieux pour m’aider mais elle ne pouvait pas comprendre ce que j’avais vécu. On était devenus deux étrangers. On s’est séparés pour se reconstruire chacun de notre côté. » L’avocat général saisit l’occasion au vol. « Pas parce qu’il y avait des divergences sur vos déclarations ? ». Léger sourire en coin de l’accusé. « Non, je voulais la protéger. Je n’ai pas eu envie de la mêler à tout cela. Je lui ai dit que Jean-Marie, c’était peut-être moi. » A l’époque, Laurent Vili avait envisagé cette version de l’histoire.

Pierrick Chatel

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« Il fallait limiter les dommages collatéraux »

mardi 2 décembre 2008

Laurent Vili rejugé à partir d'aujourd'hui

Le Midi Libre édition du mardi 2 décembre 2008

L'ancien rugbyman de Montpellier, accusé d'un meurtre commis en 2002, a été acquitté en avril dernier. Le parquet a fait appel.

La dernière fois que Laurent Vili est venu en Nouvelle-Calédonie, c'était en avril dernier, pour son premier procès. Après trois jours de débats, le rugbyman avait été acquitté pour le meurtre de Jean-Marie Goyetta, un kanak de Saint-Louis, une tribu située à deux pas de Nouméa. Les deux hommes avaient grandi ensemble et joué dans la même équipe de football, avant qu'un conflit communautaire ne les sépare, en 2002. Cette année-là, Laurent Vili, le Wallisien, était revenu de métropole pour prendre le fusil et défendre les siens.

La semaine dernière, le solide pilier de Bédarrides (Vaucluse) a de nouveau posé le pied sur sa terre natale, pour se préparer à cette nouvelle épreuve judiciaire. Entouré et soutenu par sa famille et par une partie de ses anciens coéquipiers de Montpellier qui ont fait le déplacement, Laurent Vili n'attend qu'une chose : un second acquittement.

« Depuis que la justice a trouvé en Laurent un coupable, on a mis une partie de notre vie en suspens, expliquent aussi ses frères et soeurs. Aujourd'hui, on attend de pouvoir enfin recommencer à vivre ». Laurent, lui, souhaite « ne plus avoir à se poser de question après ce second procès ».

Il aimerait aussi tirer un trait sur ce passé déchirant. Même si de chaque côté de la barre, on ne pourra jamais oublier ces mois de guérilla interethnique qui avaient causé la mort de trois hommes, et dont l'origine remonte à une bagarre de gamins, dans une cour de collège. Car le conflit avait ruiné vingt ans de coexistence. Après son mariage en 1976, Fano, le père de Laurent Vili, avait été l'un des premiers Wallisien à s'installer sur ces terres kanakes.

De son enfance, Laurent en parle comme des « meilleurs moments de sa vie ». Il se rappelle des trois titres remportés à la suite, lorsqu'il était gardien de l'équipe de foot de Saint-Louis, d'un tour de Calédonie qu'il avait fait avec ses coéquipiers kanaks, d'une halte dans le village natal de Jean-Marie Tjibaou, pour se recueillir sur sa tombe. « C'est là que j'avais découvert l'histoire douloureuse des Kanaks », explique celui qui s'était à son tour retrouvé au coeur de l'histoire immédiate de son pays.

Correspondance à Nouméa, Pierrick CHATEL

Deux familles à la barre

Les Nouvelles Calédoniennes édition du 2 décembre 2008 une LNC

Acquitté en avril dernier pour le meurtre de Jean-Marie Goyetta, Laurent Vili sera de nouveau jugé à partir de ce matin et jusqu’à vendredi devant la cour d’assises de Nouméa. Dans chaque camp, on espère que le procès permettra de tirer définitivement un trait sur les violences de l’Ave Maria de 2002, à défaut de les effacer complètement.

Ce week-end, à Saint-Louis, on a organisé une fois encore un loto, pour récolter des fonds. « Le 24 septembre dernier, au pied du Mwa Ka, on avait vendu des plantes ou des bougnas pour financer les frais d’avocat », explique Ghislaine, la sœur de Jean-Marie Goyetta. Du côté de Laurent Vili, un comité de soutien s’est mis en place depuis plusieurs mois déjà. Cet élan de solidarité est porté à bout de bras par la famille du rugby, à laquelle appartient le solide Wallisien, toujours pilier à l’AS Bédarrides, l’équipe d’un petit village du Vaucluse qui joue en troisième division. Trois internationaux français ont d’ailleurs vendu aux enchères leurs maillots.
Si, dans chaque camp, la mobilisation ne se dément pas, on appréhende évidemment de manière bien différente cette seconde épreuve judiciaire. Même si des deux côtés, on veut fermement croire à cette formule qui peut sembler incantatoire mais que l’on ne cesse de répéter : le destin commun.

Dans la famille de Jean-Marie Goyetta, tombé sous une balle de gros calibre en janvier 2002, on se raccroche aux paroles de la procureure générale, qui avait fait appel de l’acquittement. « Elle a dit que le dossier contenait suffisamment de charges pour le condamner », assure Ghislaine, qui ne prononce pas ou très peu le nom de l’accusé. A Saint-Louis, tout le monde avait ressenti le verdict comme une véritable injustice. Passée l’incompréhension, les commentaires avaient rapidement glissé sur des considérations communautaires. « Quand des Kanaks sont poursuivis, la justice condamne. Pas quand ce sont des Wallisiens.»
Samedi, lorsque les responsables coutumiers ont accompagné Laurent Aguila — l’avocat qui défendra les parties civiles — près de la rivière où Jean-Marie Goyetta a été touché par le tir, ils ont ainsi reparlé de cette « teneur politique du dossier ». « Il faut que le conflit de l’Ave Maria s’arrête une bonne fois pour toutes. Il faut que cette affaire serve de référence à la communauté kanak », a dit l’un d’eux. « Et si ce n’est pas lui qui a tué Jean-Marie, il faut bien que ce soit quelqu’un », ajoute Ghislaine, dont la maman est décédée en janvier dernier. « Elle est partie sans savoir qui avait tué son fils », se désole-t-elle.

Laurent à Nouméa fin novembre 2008 Chez les Vili, on fait aussi bloc derrière le « petit » dernier d’une famille de six enfants, lui qui parle de sa jeunesse « heureuse et joyeuse » à la tribu de Saint-Louis. « C’était les meilleurs moments de ma vie, le bonheur », raconte Laurent Vili, qui se souvient des trois titres de suite remportés par l’équipe de la tribu, lorsqu’il en était le gardien de but, d’un tour de Calédonie avec ses coéquipiers kanak, d’une halte à Tiendanite, « sur la tombe de Jean-Marie ». Et puis, comme ses frères et sœurs, du bonheur qui s’écroule au moment des violences. « Mais ce conflit entre deux communautés, hors de Nouméa, ça n’intéressait personne, déplore Marianne, l’une des sœurs de Laurent. Que l’Etat ne soit pas intervenu pour protéger la simple liberté d’aller et venir, cela a remis en question beaucoup de nos convictions. » Pour l’acquitté Vili, le répit a été de courte durée, avant l’annonce de l’appel. « C’est devenu dur d’apprécier les moments simples de la vie depuis, parce que j’ai toujours cette épée de Damoclès sur la tête, confie-t-il. J’aimerais qu’on sorte de ce procès sans avoir de question à me poser. Pour pouvoir recommencer à vivre. » Sa famille, en proie aux doutes, a parfois vécu des moments difficiles. Laurent aussi. « Cette affaire a détruit mon couple. J’ai perdu la femme de ma vie ». Il n’en dira pas plus.

... l'article complet de Pierrick Chatel

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lundi 1 décembre 2008

Dans quelques heures le second procès va commencer...

Ici nous sommes encore le 1er décembre, à Nouméa c'est le jour J. Dans quelques heures le second procès va commencer.

Bon courage Laurent, nous sommes avec toi !

jeudi 27 novembre 2008

Un grand merci à l'A.S Facture Biganos

ASB Il ne se passe pas une journée sans que des membres de la famille du rugby manifestent leur soutien à Laurent.
Cette fois c'est le XV de Facture Biganos dans la Gironde (33) que nous remercions vivement pour leurs dons et leurs messages de soutien sur ce blog et sur le livre d'or.

Vraiment merci à tous pour Laurent et sa famille ! Votre soutien leur va droit au coeur.

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