Je reçois ce compte-rendu à l'instant après 14h d'audience. Merci à mes correspondants que j'embrasse très fort... Voilà donc ce qu'il s'est passé durant ces longues heures chargées en émotion de toutes parts.

Le matin

Le président du tribunal a commencé par lire les déclarations de monsieur Dawano (l'oncle de Jean Marie Goyetta), le témoin clé du premier procès qui avait permis de disculper Laurent. Dans sa déclaration, il décrit comment au petit matin, il a entendu des coups de feu dans l'eau, et comment il a décidé de partir avec son neveu chercher d'où provenait le tir. Il expliquera plus tard que JM Goyetta s'était mis dans la position du tireur et qu'il lui avait dit de ne pas rester à découvert. A cet instant il était frappé d'une balle de fusil de grande chasse au niveau du bassin et s'écroulait sur le sol.

Lors de la commission rogatoire, on avait noté à quel point il était difficile de faire une reconstitution en l'absence de Lolo, et surtout dans un décor qui avait changé (la reconstitution a eu lieu en juillet et la végétation n'était plus la même. Le passage d'un cyclone avait également sans doute modifié beaucoup de choses.) Tant bien que mal, les enquêteurs avaient réussi à déterminer un angle de tir, le nombre de coups de fusil et une distance de tir. Ils avaient également pu noter que la victime ne portait pas de cartouchière. Le témoignage de monsieur Dawano apportait des éléments concernant les opposants Wallisiens, il disculpait du même coup Kilo (le cousin de Lolo et par conséquent, Lolo lui-même.)

Les jurés sont restés longuement à lire le rapport effectué par les enquêteurs. Ils ont pu découvrir le théâtre des événements ainsi que le parcours effectué par Constant Dawano et son neveu ce matin là.

En ce qui concerne l'arme on sent à quel point il pouvait régner une tension importante à l'époque. L'idée que l'arme ayant atteint la victime pouvait être une arme militaire a pesé longtemps sur les débats…

Nous avons pu assister à un témoignage pour le moins surréaliste. En effet, monsieur Alert va dire la même chose et son contraire lors de sa déclaration. On se demande, à ce moment là, à quel point il ne subit pas des pressions. Il va tout de même déclarer quelque chose d'intéressant quand il affirmera à plusieurs reprises que les gendarmes "qui étaient en colère ce jour là" lui ont fait dire que JM Goyetta portait une cartouchière. Ce témoin affirmera également que les forces de l'ordre lui ont fait signer sa déclaration sans lui permettre de la relire !

Le président lira d'autres témoignages de Kanaks allant dans le sens de ce qu'avait déclaré monsieur Dawano avant de donner la parole aux Wallisiens.

C'est Pétélo Laupua dit "kilo" (le cousin de Lolo) qui est entendu le premier. Ce dernier était avec Laurent au moment des faits. On mesure la souffrance et le sentiment d'abandon ressentis par la communauté à ce moment là. Il décrit le contexte au travers duquel il a vu sa maison incendiée, les prédations et la peur pour les siens. Kilo racontera également le moment ou il va demander de l'aide auprès des gendarmes et les réponses qui lui sont faites : "On ne peut rien faire, assurez votre défense seuls". Pétélo va alors hisser le drapeau Français sur sa maison comme pour se convaincre qu'il vit encore dans un état de Droit…

Par la suite on sent qu'il reste traumatisé par les événements et qu'il va tout faire pour protéger celui qu'il considère comme son petit frère (Lolo). Malheureusement ses tentatives sont maladroites et elles amènent l'avocat général à l'accuser d'avoir délibérément caché l'arme de Lolo. Il niera.

L’après midi 14h-22h…

Cela débute par la projection du film où l’on voit Kilo ( cousin de lolo, présent avec lui au moment des faits ) et les enquêteurs lors de la reconstitution sur les lieux de l’Ave Maria. Cela nous éclaire sur la végétation, les positions de lolo et de la victime et sur la topographie. On comprend mieux les dires de kilo sur l’impossibilité de voir clairement la position des autres Wallisiens sur les autres de tirs. La défense met en exergue une explication à la disparition des armes dont celle qu’a utilisée Lolo car suite à une dispute violente avec sa sœur, kilo, perturbé, disjoncte et tire plusieurs coups de feu. Les autres habitants de l’ave maria craignent une autre scène de ce type retirent les armes stockées chez lui jusqu’à présent.

Lieutenant Morichon

Il revient sur les conditions « impossibles » de l’enquête qui ne s’appuie au départ que sur des rumeurs. On peut remarquer plusieurs manquements à l’instruction :

  • Différentes pistes offertes par Dawano (oncle de la victime, présent avec elle, au moment des faits) non vérifiées car elles lui semblent « fantaisistes ».
  • Pas de procès verbal lors du déplacement sur les lieux avec l’expert
  • Il concède qu’il y avait d’autres postes de tirs ce matin là, mais ne vérifie pas qui pouvait s’y trouver, ni s'il y avait d’autres porteurs de calibre 270…
  • Il cherchait une arme sans savoir le calibre de celle-ci !!!

La défense pose des jalons pour mettre en évidence le décalage chronologique entre le coup porté à la victime et le coup tiré par Laurent. Mais il y a beaucoup de heurts entre les parties.

Expert balistique

Il affirme clairement qu’aucune des positions de tirs n’est compatible avec la position de la victime, quand elle est touchée, décrite par Dawano, ni avec les analyses des légistes. Autrement dit, Laurent n’a pas pu atteindre de son poste la victime, ce qui constitue une preuve scientifique de l’innocence de Laurent. Il conclut en disant qu’un grand champ de possibilités est ouvert.

La rumeur

De nombreux témoignages se succèdent sans lever la confusion de ces rumeurs. Si ce n’est qu’elles soient lancées par des opposants au papa de Laurent.

Les fax

Témoignage plein de tendresse d’une maman qui est interrogée sur les correspondances qu’elle avait échangées avec Laurent à cette époque. Il en ressort que ce sont l’inquiétude et l’amour qui lui dictent ses mots.

La suite demain....