Le Midi-Libre édition du mercredi 23 avril 2008

Le rugbyman montpelliérain est jugé pour un meurtre qu'il nie, commis en 2002 en Nouvelle-Calédonie

« Je m'attendais à énormément de tension, voire de violence. Mais si à l'extérieur du palais de justice, on a l'impression que cela peut exploser à tout moment, à l'intérieur il règne un profond respect, un silence total, et tout le monde s'exprime librement. » Me Gilles Gauer, l'avocat montpelliérain, défend devant la cour d'assises de Nouvelle-Calédonie Laurent Vili, 30 ans. Le rugbyman de Montpellier, originaire de Walis et Futuna, est accusé d'avoir tué d'un coup de fusil
Jean-Marie Goyetta, un Mélanésien, au cours de violents incidents ayant opposé en janvier 2002 les deux communautés. Un geste qu'il nie, même s'il reconnaît avoir tiré, comme bien d'autres habitants de son village, pour se défendre. « On a organisé un procès d'assises, pour que cela ressemble à un dossier de droit commun, alors que ce n'en est pas un. C'était une situation de guerre, pour des motifs ethniques, sur le territoire de la République, alors que l'Etat avait fait savoir qu'il n'interviendrait pas » rappelle l'avocat, joint par téléphone hier à Nouméa. « C'étaient des tirs de défense ».

La deuxième journée d'audience a été largement consacrée à l'examen des faits et à la topographie des lieux. Pour la défense, les débats ont montré que les trajectoires de tirs mettaient l'accusé, qui comparaît libre, hors de cause.
« Laurent Vili, comme les proches de la victime, ont un besoin immense de vérité, insiste-t-il. C'est un moment de grande émotion, mais il est heureux et soulagé de voir que la vérité va pouvoir apparaître aux yeux de tous. Ce procès est essentiel pour rebâtir la vie avec les Mélanésiens, qui étaient ses copains d'enfance. Avec son frère, Laurent était alors le seul Walisien dans l'équipe de foot des Mélanésiens. » Le réquisitoire, la plaidoirie de la défense et le verdict sont attendus aujourd'hui.
François BARRÈRE