Les nouvelles Calédoniennes édition du 2 mai 2008

Il y aura un second procès Vili. Mercredi, le parquet général a annoncé qu’il allait faire appel de l’acquittement de Laurent Vili, jugé la semaine dernière devant la cour d’assises pour le meurtre de Jean-Marie Goyetta.

La justice n’en a pas fini avec les violences de Saint-Louis. Mercredi, Annie Brunet-Fuster, la procureure générale, a annoncé qu’elle allait faire appel de l’acquittement prononcé par la cour d’assises à l’encontre de Laurent Vili. La semaine dernière, ce rugbyman, pilier de l’équipe de Montpellier, avait été jugé pendant trois jours pour le meurtre de Jean-Marie Goyetta, un Mélanésien mortellement blessé par balle en janvier 2002, lors des violences qui avaient opposé les communautés kanak et wallisienne de l’Ave Maria. Selon Annie Brunet-Fuster, c’est la « logique judiciaire » qui a d’abord prévalu dans sa décision, « difficile à prendre ». « J’ai considéré qu’en dépit des débats, le dossier contient des charges suffisantes à l’encontre de Laurent Vili », a d’abord indiqué la procureure générale, qui souhaite ainsi « ne pas s’arrêter au milieu du gué en allant jusqu’au bout de la logique judiciaire ». Dans cette optique, le parquet général n’envisage pas de demander de supplément d’information. Le dossier jugé en appel restera donc le même. Le second point de son argumentaire, c’est celui de l’ordre public. « En raison des importants évènements qui se sont déroulés après le décès de Jean-Marie Goyetta, je considère qu’il est de mon devoir d’établir des responsabilités dans cette mort .» Annie Brunet-Fuster a par ailleurs indiqué que cet appel n’était pas destiné à donner des « gages » à la communauté kanak de Saint-Louis. « Avec cette décision, je ne cherche pas à rentrer dans le conflit, mais uniquement à répondre à une question d’intérêt public. »

Pierrick Chatel

Me Frédéric de Greslan : « Laurent Vili sacrifié sur l’autel de l’ordre public »

« L’argumentation du parquet général est parfaitement fumeuse. Quitte à aller jusqu’au bout de la logique judiciaire, autant systématiquement faire appel de tous les jugements de première instance, bons ou mauvais pour le ministère public. Or s’il y a eu procès, c’est justement pour faire le tri parmi les éléments du dossier. Là, les jurés ont considéré que les charges retenues à l’encontre de Laurent Villi ne tenaient pas. Pour nous, cette décision n’est qu’un cache-misère qui masque les vraies raisons de cette décision : on a peur de la réaction des Kanak de Saint-Louis. Et on sacrifie donc Laurent Vili sur l’autel de l’ordre public. »

Me Maxime Guérin-Fleury : « Une bouffée d’espoir donnée à la famille Goyetta »

« Nous espérions tous cette décision, nous nous en félicitons donc. C’est une bouffée d’espoir donnée à la famille de Jean-Marie Goyetta, qui n’a compris ni la décision de la cour d’appel, ni les demandes du ministère public lors de l’audience, lorsqu’une peine de cinq ans avec sursis avait été requise. Pourtant, le dossier contient beaucoup d’éléments à charge, même si on peut ne pas forcément être convaincu de l’intention de tuer. Pour la famille de la victime, l’interrogation demeurait sur le message délivré par la justice après cet acquittement. Nous sommes donc prêts à repartir pour un second procès. »