Nouvelle-Calédonie / Social

Ave Maria : les déménageuses sociales
Depuis lundi, trois travailleuses sociales
sillonnent sans relâche l’Ave Maria pour aider les dernières
familles wallisiennes à déménager. Une mission qui demande du tact,
de la diplomatie et une bonne dose de patience...
Mercredi, 8 heures. Une petite 106 blanche sillonne les pistes de
l’Ave Maria sous l’œil attentif de militaires armés. A son bord :
trois femmes. Guylaine, Marie et Zoé sont travailleuses sociales à
la Province sud. Leur mission: aider les dernières familles
wallisiennes à quitter le village. Autour d’elles, le spectacle
est désolant. Pierres, tôles calcinées, carcasses de voitures,
maisons brûlées...Les stigmates du conflit qui oppose depuis
plusieurs années la tribu mélanésienne de Saint-Louis et les
Wallisiens de l’Ave Maria (lire en repères) sont encore bien
visibles. Des images qui ne semblent pas les impressionner. Les
trois femmes n’ont pas de temps à perdre. L’évacuation de la zone a
débuté lundi (lire nos précédentes éditions) et tout doit être
bouclé avant vendredi soir.
Des cartons aux
camions
« Nous faisons tout pour que ce départ se
passe dans les meilleures conditions possibles », précise Guylaine,
qui ne quitte plus son téléphone portable. « On s’occupe de toutes
les paperasseries administratives, du relogement en liaison avec la
société immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC) mais aussi de la
logistique du déménagement, des cartons à la location des camions!
» Sans compter le côté humain. Certaines familles étaient
installées depuis des années à l’Ave Maria et le déménagement est
parfois très mal vécu. « Il faut beaucoup expliquer, être disponible
et à l’écoute », poursuit Guylaine. « Les familles comprennent
d’ailleurs très bien que nous travaillons pour leur bien-être et
nous sommes généralement très bien accueillies. »
De la patience
Le tact et la diplomatie ne
sont pourtant pas les seules qualités nécessaires. Les travailleuses
sociales doivent aussi parfois faire preuve de patience. Le
déménagement a ravivé les tensions entre les deux camps wallisiens
et certaines situations sont ubuesques. « C’est vrai que notre
mission n’est pas toujours facile mais nous ne sommes pas là pour
juger ou pour prendre partie », tempère Guylaine. « Il faut surtout
garder son calme et s’organiser! » Une sérénité que les trois
femmes devront encore conserver quelques jours. Hier, une petite
dizaine de familles n’avait toujours pas déménagé et elles
espéraient bien rester jusqu’à la dernière limite. Mais la
gendarmerie est catégorique : l’Ave Maria devra être désert vendredi
soir...
Xavier Serre
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 Au début de la semaine, trente familles
habitaient toujours l’Ave Maria. Hier, une petite dizaine n’avait
pas encore intégré leur nouveau logement. Photos : Marcel Le Pêchoux
Pierre Frogier «
choqué » par les propos de Didier Leroux
Pierre Frogier (RPCR) a réagi, hier, aux propos
de Didier Leroux (Alliance), parus dans notre édition
d’hier, à propos du conflit de
Saint-Louis.
Pierre Frogier qui s’exprimait, au
siège du RPCR, au nom du Rassemblement, s’est dit «
attristé » par la situation des familles de l’Ave Maria
et « choqué » par les commentaires de Didier
Leroux. « Nous sommes très choqués des déclarations
de Didier Leroux parce qu’il évoque une forte épuration
ethnique alors que les signataires de l’Accord de
Nouméa, depuis l’origine, ont tenu à dire qu’il ne
s’agissait pas d’un conflit entre communautés mais qu’il
s’agissait bien de difficultés de voisinage qui ont,
certes, dégénéré » a déclaré Pierre Frogier, tenant à
rappeler que « le président de la Province sud s’était
engagé, depuis plusieurs mois, à reloger toutes les
familles dans les conditions les meilleures. » Pierre
Frogier a notamment indiqué qu’aucune autre solution
alternative, pour un relogement sur place, n’avait pu
être retenue, ce qui expliquait le temps nécessaire à la
mise en œuvre de ce
déplacement.
Vigilance
Le député n’est pas
tendre avec Didier Leroux :« il passe son temps à
exploiter le malheur des autres pour exister
politiquement (...) » dit-il. Pierre Frogier reproche
au leader de l’Alliance de mettre en cause l’Etat. « Si
aujourd’hui, en Nouvelle-Calédonie, il y a autant de
programmes d’habitat social, c’est bien grâce à l’effort
considérable que l’Etat fait en direction de la
Nouvelle-Calédonie et de ses populations »
explique-t-il. Concernant la suite des opérations,
Pierre Frogier a affirmé que « le Rassemblement restera
très viligant sur les décisions qui sont prises par ceux
qui sont chargés de maintenir l’ordre public, ici, et
par ceux qui sont chargés de sanctionner tout ce qui
s’est passé ces dernières années. Aujourd’hui, il reste
des voyous à Saint-Louis qui ont terrorisé, pendant des
mois, la communauté wallisienne et futunienne et qui
terrorisent aussi les familles qui vivent à Saint-Louis.
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