Jeudi 18 Septembre 2003


ACTUALITE


Nouvelle-Calédonie / Social


Ave Maria : les déménageuses sociales

Depuis lundi, trois travailleuses sociales sillonnent sans relâche l’Ave Maria pour aider les dernières familles wallisiennes à déménager. Une mission qui demande du tact, de la diplomatie et une bonne dose de patience...

Mercredi, 8 heures. Une petite 106 blanche sillonne les pistes de l’Ave Maria sous l’œil attentif de militaires armés. A son bord : trois femmes. Guylaine, Marie et Zoé sont travailleuses sociales à la Province sud. Leur mission: aider les dernières familles wallisiennes à quitter le village.
Autour d’elles, le spectacle est désolant. Pierres, tôles calcinées, carcasses de voitures, maisons brûlées...Les stigmates du conflit qui oppose depuis plusieurs années la tribu mélanésienne de Saint-Louis et les Wallisiens de l’Ave Maria (lire en repères) sont encore bien visibles. Des images qui ne semblent pas les impressionner. Les trois femmes n’ont pas de temps à perdre. L’évacuation de la zone a débuté lundi (lire nos précédentes éditions) et tout doit être bouclé avant vendredi soir.

Des cartons aux camions

« Nous faisons tout pour que ce départ se passe dans les meilleures conditions possibles », précise Guylaine, qui ne quitte plus son téléphone portable. « On s’occupe de toutes les paperasseries administratives, du relogement en liaison avec la société immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC) mais aussi de la logistique du déménagement, des cartons à la location des camions! »
Sans compter le côté humain. Certaines familles étaient installées depuis des années à l’Ave Maria et le déménagement est parfois très mal vécu. « Il faut beaucoup expliquer, être disponible et à l’écoute », poursuit Guylaine. « Les familles comprennent d’ailleurs très bien que nous travaillons pour leur bien-être et nous sommes généralement très bien accueillies. »

De la patience

Le tact et la diplomatie ne sont pourtant pas les seules qualités nécessaires. Les travailleuses sociales doivent aussi parfois faire preuve de patience. Le déménagement a ravivé les tensions entre les deux camps wallisiens et certaines situations sont ubuesques. « C’est vrai que notre mission n’est pas toujours facile mais nous ne sommes pas là pour juger ou pour prendre partie », tempère Guylaine. « Il faut surtout garder son calme et s’organiser! »
Une sérénité que les trois femmes devront encore conserver quelques jours. Hier, une petite dizaine de familles n’avait toujours pas déménagé et elles espéraient bien rester jusqu’à la dernière limite. Mais la gendarmerie est catégorique : l’Ave Maria devra être désert vendredi soir...

Xavier Serre
 



NAVIGUEZ
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Au début de la semaine, trente familles habitaient toujours l’Ave Maria. Hier, une petite dizaine n’avait pas encore intégré leur nouveau logement. Photos : Marcel Le Pêchoux


 
Pierre Frogier « choqué » par les propos de Didier Leroux

Pierre Frogier (RPCR)
a réagi, hier, aux propos de Didier Leroux (Alliance), parus dans notre édition d’hier,
à propos du conflit
de Saint-Louis.

Pierre Frogier qui s’exprimait, au siège du RPCR, au nom du Rassemblement, s’est dit « attristé » par la situation des familles de l’Ave Maria et « choqué » par les commentaires de Didier Leroux.
« Nous sommes très choqués des déclarations de Didier Leroux parce qu’il évoque une forte épuration ethnique alors que les signataires de l’Accord de Nouméa, depuis l’origine, ont tenu à dire qu’il ne s’agissait pas d’un conflit entre communautés mais qu’il s’agissait bien de difficultés de voisinage qui ont, certes, dégénéré » a déclaré Pierre Frogier, tenant à rappeler que « le président de la Province sud s’était engagé, depuis plusieurs mois, à reloger toutes les familles dans les conditions les meilleures. » Pierre Frogier a notamment indiqué qu’aucune autre solution alternative, pour un relogement sur place, n’avait pu être retenue, ce qui expliquait le temps nécessaire à la mise en œuvre de ce déplacement.

Vigilance

Le député n’est pas tendre avec Didier Leroux :« il passe son temps à exploiter le malheur des autres pour exister politiquement (...) » dit-il.
Pierre Frogier reproche au leader de l’Alliance de mettre en cause l’Etat. « Si aujourd’hui, en Nouvelle-Calédonie, il y a autant de programmes d’habitat social, c’est bien grâce à l’effort considérable que l’Etat fait en direction de la Nouvelle-Calédonie et de ses populations » explique-t-il. Concernant la suite des opérations, Pierre Frogier a affirmé que « le Rassemblement restera très viligant sur les décisions qui sont prises par ceux qui sont chargés de maintenir l’ordre public, ici, et par ceux qui sont chargés de sanctionner tout ce qui s’est passé ces dernières années. Aujourd’hui, il reste des voyous à Saint-Louis qui ont terrorisé, pendant des mois, la communauté wallisienne et futunienne et qui terrorisent aussi les familles qui vivent à Saint-Louis. »


 




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