Nouvelle-Calédonie / Faits Divers
Saint-Louis : les armes saisies vont-elles parler?
Toutes les personnes interpellées lundi à
Saint-Louis ont été relâchées. Mais les fusils saisis, eux, restent
entre les mains des gendarmes qui vont tenter de les faire parler.
Echec pour les uns, succès pour les autres, il est encore bien
trop tôt pour tirer les enseignements de la vaste opération de
police judiciaire menée lundi matin par la gendarmerie nationale. La
première intervention d’une telle envergure destinée non pas à
rétablir l’ordre public, mais à faire avancer les différentes
enquêtes criminelles menées par la justice.
Tests balistiques
Dix à douze personnes
étaient tout particulièrement visées par les enquêteurs. Un des
objectifs de l’opération était de les interpeller et de les placer
en garde à vue pour les interroger. Mais manifestement, tous ces «
gros clients » avaient pris la poudre d’escampette à l’arrivée des
militaires. Ils n’étaient pas là où ils auraient dû être. Les quatre
hommes placés en garde à vue n’étaient que des seconds couteaux. Ils
ont été relâchés au bout de 48 heures et n’encourent que des
poursuites correctionnelles pour participation à des attroupements
armés notamment. En revanche, les huit fusils saisis (et environ
500 cartouches de tous calibres) à l’occasion de l’intervention dans
les maisons perquisitionnées pourraient se révéler précieux pour la
suite des investigations. Ces armes, des fusils de gros calibre et à
longue portée pour la plupart, vont être soumises à des analyses
scientifiques et balistiques. Elles vont être examinées à la loupe.
Bref on va les faire parler. Or, c’est précisément ce qui manquait
aux enquêteurs de la brigade de recherche de la gendarmerie. Au plus
fort des événements, ils n’étaient pas en mesure de se rendre sur
place pour faire les indispensables constatations sur le terrain,
prélever des indices, et surtout saisir et examiner les fusils ou
carabines susceptibles d’avoir été utilisés dans tel ou tel meurtre
ou tentative. Pas d’arme, pas de preuve irréfutable. Juste des
présomptions, des faisceaux d’indices ou des confessions sujettes à
revirements, comme c’est le cas dans l’affaire Vili, impliqué dans
la mort de Jean-Marie Goyeta, ou dans l’affaire Moekia, mis en cause
dans l’assassinat de Petelo Motuku.
L’arsenal de Saint-Louis
L’opération de
lundi pourrait changer la donne. Huit fusils saisis, c’est
évidemment loin du compte. Des dizaines d’autres armes circulent
tant à Saint-Louis qu’à l’Ave-Maria. Mais si les enquêteurs ont
frappé aux bonnes portes, les fusils et les munitions récupérés
peuvent se révéler de précieux atouts pour l’avenir. « Cette
intervention n’est pas un échec » se borne à commenter, laconique,
le lieutenant- colonel Gotab. Est-ce une des raisons qui ont
contribué à faire remonter la tension à Saint-Louis? Dès lundi soir,
un barrage a été formé sur la route de l’Ave-Maria pour empêcher les
derniers Wallisiens d’aller et venir. Et mardi soir, en guise de
représailles, la ligne électrique à haute tension Yaté-Nouméa a été
sabotée par des tirs de gros calibre. La situation était toujours
très tendue hier. Au cours de la nuit de mercredi à jeudi, de
nombreux tirs ont été échangés entre les camps mélanésien et
wallisien. Et des militaires stationnent toujours aux abords de la
zone de conflit.
Ph.F. |